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dimanche 27 avril 2014

Le ministère des Affaires étrangères

L'hôtel du ministre

À hauteur du 37, quai d'Orsay, dont le nom évoque celui d'un prévôt des marchands du XVIIIe siècle, se dresse la façade de l'hôtel du ministre des Affaires étrangères. Commencé en 1844, achevé vers 1855, il forme un ensemble homogène et représentatif de l'art décoratif du Second Empire.
À la demande de Guizot, ministre des Affaires étrangères, le projet en fut confié à l'architecte Lacornée, à qui l'on devait la construction du palais d'Orsay, aujourd'hui détruit. La première pierre fut posée en novembre 1845 en présence de Guizot, de Lacornée et de Dumon, ministre des Travaux publics.
Les travaux de décoration extérieure furent confiés à des sculpteurs qui, pour la plupart, avaient déjà participé à la construction ou à la restauration d'églises (Notre-Dame-de-Paris, Saint-Vincent-de-Paul...) ou de châteaux (Blois, Saint-Cloud...).
Un moment freinés par la révolution de 1848, les travaux furent repris à l'instigation de l'empereur Napoléon III. Une fois le gros oeuvre achevé en 1853, on fit appel, pour la décoration intérieure en à des artistes connus à l'époque, tels que Séchan, Nolau et Rubé, Molknecht, Lavigne, Liénard, Hippolyte Adam, les frères Huber...
L'hôtel étant destiné à recevoir des souverains et des diplomates étrangers, il convenait de les accueillir avec tout le faste dû à leur rang. depuis le milieu du XIXe siècle, le ministère des Affaires étrangères occupe toujours les mêmes locaux.
C'est à cette stabilité de près d'un siècle et demi que l'on doit l'expression courante "Quai d'Orsay" pour désigner le ministère des Affaires étrangères.

La façade nord

Comme le bâtiment devait faire face au fleuve, l'architecte a jugé préférable, à l'encontre des règles admises, de ne pas situer l'entrée du palais sur la partie centrale, afin de faire bénéficier les grandes salles de réception d'une vue agréable sur la Seine. Les entrées sont donc sur les côtés : l'une à droite formant l'entrée principale, l'autre à gauche pouvant servir de sortie, mais surtout destinée à établir la symétrie de la façade. Celle-ci offre deux ordres superposés. L'architecte a choisi de placer l'ordre dorique au rez-de-chaussée et adopté l'ordre ionique pour les premier et second étages.
C'est à Hubert Lavigne que l'on doit les bas-reliefs en bois sur les tympans des portes d'entrée de la façade. Ils représentent le génie de la Paix et le génie de la Guerre soutenant une couronne impériale. quant aux statues dans les niches, elles sont de Triqueti et représentent les quatre continents. Commandées dès la construction de l'hôtel, elles ne furent installées qu'en 1870.
Les croisées du premier étage sont surmontées de médaillons en marbre où devaient être représentées les armes des différentes puissances. Une balustrade à l'italienne couronne la construction.

Le premier étage

Réservé à l'origine à l'usage privé du ministre, le premier étage a servi, dès le début du XXe siècle, de résidence aux hôtes officiels de la France. Pendant longtemps ont été logés dans ces appartements, souverains, chefs d'État et Premiers ministres en visite officielle à Paris. Têtes couronnées d'Angleterre ou de Perse, émirs d'Arabie ou dirigeants politiques occidentaux s'y sont succédé. À chaque visite d'un hôte de marque, le décor des appartements, le décor des appartements était adapté à sa personnalité. Hormis des travaux d'entretien et de restauration, ou la construction de salles de bains en 1938 à l'occasion de la venue des souverains britanniques, les lieux n'ont pas subi de changement notoire depuis leur construction.
Depuis l'aménagement de l'hôtel de Marigny, qui accueille désormais les hôtes de la France, le premier étage regroupe des pièces de réception et des bureaux.

Le salon des Panoramas
Sur le palier permettant d'accéder à ce salon est présenté un globe terrestre. Il est l'un des trois exemplaires conservés au ministère des Affaires étrangères d'une série commandée par le président François Mitterrand pour servir de cadeau protocolaire.

Le salon des Panoramas, ou ancienne antichambre des huissiers, est décoré sobrement d'un mobilier Empire et Restauration. Les éléments essentiels sont les deux candélabres Empire en bronze doré et patiné, dont une paire identique est conservée au château de Ludwigsburg, en Autriche, et deux consoles en bois doré Restauration signées Jeanselme (père : ?-1860, fils : 1827- ?), ébénistes sous Charles X, Louis-Philippe et Napoléon III. En 1853 et en 1855, ils emportèrent la commande de fabrication du mobilier de l'hôtel du ministre. Nous retrouvons leur mobilier dans de nombreux salons.
Les quatre grandes grisailles sont des vues des portes de La Rochelle, de Toulon, de Marseille et de Rochefort. Elles ont été exécutées par John Quirin et Christoph Secki (école hollandaise) et datent de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elles étaient exposées à l'ambassade de France à Vienne jusqu’en 1999, date à laquelle elles ont été installées dans cette pièce.
La mappemonde représente le globe céleste d'après la cartographie du vénitien Vincenzo Coronelli (1650-1718). L'original, de dimensions colossales avec 4 mètres de diamètre, est exposé à la Bibliothèque nationale de France, sur le site François-Mitterrand.

Le salon Rouge
Ce salon, également appelé Premier Salon, est orné de plusieurs peintures. Entre les fenêtres, l'Ève d'après Lucas Cranach est une belle copie du XVIIe siècle, don de Louis Martin. À gauche et à droite de la porte du fond, les portraits de Roland-Michel Barrin de la Galissonnière et de Luc-Urbain du Bouexic, comte de Guichen, sont tous deux de la main de Jean-Pierre Franque (dépôts du musée de Versailles).
Sur le mur à droite de l'entrée est exposé un tableau représentant une scène galante dans un port imaginaire, signé P.S. pour Philippe Spruyt (1727-1801) et daté de 1774. Ce peintre belge, né à Gand, travailla à Paris avant de regagner sa ville natale. De part et d'autre de la cheminée sont présentés deux paysages très probablement de la même main.
Les sièges Empire sont en bois de hêtre doté et disposés autour d'une table de salon Empire. Deux des trois consoles sont signées Janselme et font partie du même ensemble que celles des Panoramas. Un secrétaire à abattant Empire, en acajou, complète l'ameublement de la pièce, qui a été victime d'un dégât des eaux et va prochainement faire l'objet d'une restauration.
Les deux bustes d'enfants présentés sur les consoles proviennent de la manufacture de Sèvres. Il s'agit d'éditions en porcelaine des originaux en terre cuite (1777) du sculpteur Jean-Antoine Houdon (1741-1828), conservés au Louvre. Ils représentent Louis et Alexandre Brongniart, les enfants du célèbre architecte de la Bourse de Paris, Alexandre-Théodore Brongniart. Alexandre Brongniart, que l'on voit ici à l'âge de 7 ans, dirigea la manufacture de Sèvres de 1800 à 1847.

Le salon Empire
Le décor sculpté est de Michel Liénard, la cheminée de Victor Couchery, et les peintures du plafond de François-Jospeh Nolau (1804-1883), décorateur en chef de l'Opéra-Comique de Paris, et d'Auguste Alfred Rubé (1815-1899), qui travailla notamment à l'Opéra et à l'Opéra-Comique de Paris. Nous retrouvons la main de ces deux peintres dans de nombreux décors de l'hôtel du ministre, notamment dans les salons du rez-de-chaussée.
Sur un beau tapis d'Aubusson à points plats se trouve un ensemble de sièges et canapé Empire en acajou et placage d'acajou à tête de lion. Les deux consoles à tête de lion entre les fenêtres sont singées de l'ébéniste Georges Jacob. Elles supportent des candélabres Napoléon III. Deux consoles Empire complètent ce mobilier. La table basse est due au designer américain Theodore Waddeil (né en 1930) et a été déposée par le Mobilier national.
Sur la cheminée est présentée une pendule Empire de Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) représentant Oedipe et Antigone, en bronze doré et marbre vert de mer. Elle est encadrée de deux candélabres à Victoire ailées.
Sur les murs latéraux sont exposées deux oeuvres de Théodore Gudin (1802-1880), déposées par le musée de Versailles : à gauche, le Combat naval de La Goulette, le 24 juillet 1665 et, à droite, Andréa Doria disperse la flotte espagnole devant l'embouchure du Var le 7 juillet 1524. Ces deux peintures devaient trouver leur place à Versailles dans les galeries historiques voulues par Louis-Philippe.
Au centre se trouve Le Canal de la Giudecca à Venise, signé en bas à gauche par Charles Lapostolet (1824-1890), vers 1880.

Le Grand Salon
Appelé dans un premier temps salon du Milieu en raison de la position centrale qu'il occupe dans l'enfilade des salons du premier étage sur la façade nord, il est appelé à présent Grand Salon. Le décor sculpté est de Michel Liénard et les peintures du plafond sont de François-Joseph Nolau et d'Auguste-Alfred Rubé.
Les consoles et l'ensemble des sièges font partie du mobilier d'origine et sont de la maison Jeanselme.
Entre les fenêtres se trouvent deux candélabres Empire, en bronze doré, représentant la Diane de Versailles et l'Apollon du Belvédère.
Sur la cheminée est présentée une pendule de Victor Paillard en bronze doré et patiné, décorée de quatre angelots dénichant des oiseaux. Ce thème se retrouve sur les candélabres qui l'encadrent.
Les portraits de louis-Philippe, une copie d'après le tableau Louis-Philippe, roi des Français, prêtant serment, peint par le baron Gérard, et de Napoléon III, par Benoît Chancel (1819-1891), d'après Franz Xaver Wintherhalter (1805-1873), ouvrent l'accès au salon des Beauvais.

Le salon du billard
Ce quatrième salon, situé dans le prolongement de l'enfilade des salons de cet étage, doit son nom au billard qui le meubla pendant un temps. Le mobilier est d'époque Empire : fauteuils en bois doré, paire de candélabres dans les entre-fenêtres, pendule en bronze doré représentant Icare signée Ledure, dont le mouvement est de Thomas. Sont également présentés un beau meuble d'appui Empire à placage d'acajou et bronze, sur le mur face aux fenêtres, et, sous le miroir, un autre meuble d'appui, fin XIXe, en bois noirci à appliques de bronze.
Un grand triptyque tissé à la manufacture nationale des Gobelins en 1972, d'après les cartons de Jean-Paul Riopelle (1923-2002), décore ce salon. L'artiste canadien fondateur du groupe des Automatistes, proche de la technique de projection de peinture de Jackson Pollock, s'installe à Paris en 1949. Le carton de 1969, réalisé pour le Mobilier national, s'inscrit dans le courant de l'abstraction lyrique, dont le tissage a su conserver la spontanéité.

Le salon Napoléon III
Ce coquet salon d'époque Napoléon III constitue un bel ensemble. La petite table à thé, à décor de roses, assortie à deux chaises, ainsi que la table échiquier et le ravissant nécessaire à couture, au fond de la pièce, sur la gauche, sont en papier mâché à incrustations de nacre. Une autre paire de chaises complète l'ensemble, contre le mur de gauche. Celles-ci, à décor chinois, sont en bois laqué.
La table basse centrale, en verre et bronze doré, est attribuée à l'ébéniste français Jules Leleu (1883-1961). Deux belles consoles de style Boulle sont présentées contre le mur du fond. Dans la vitrine côté fenêtres sont présentées des tasses de la manufacture de Sèvres.
Les peintures d'après Franz Xaver Winterhalter (1806-1873) représentent les enfants de Louis-Philippe : face à l'entrée, son deuxième fils, Louis d'Orléans, duc de Nemours (1814-1896) ; à gauche face aux fenêtres, sa fille, Marie d'Orléans (1813-1839) ; à ses côtés, l'épouse du cinquième fils de Louis-Philippe, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesses d'Aumale (1822-1869) ; et, près de l'entrée, Françoise Caroline Gonzague, princesse de Joinville(1824-1898), épouse du troisième fils de Louis-Philippe.

La salle à manger du Ministre
Cette pièce était à l'origine la salle à manger particulière du ministre. Elle devint par la suite une salle à manger pour les dîners ou déjeuners officiels comptant un nombre restreint de convives.
Le décor sculpté est de Michel Liénard. Le plafond, au décor particulièrement raffiné, est peint en trompe-l'oeil avec une jolie tonnelle ouvrant sur un ciel. Il est dû à François-Joseph Nolau et à Auguste Alfred Rubé.
Sur la cheminée, la pendule et les candélabres en bronze doré et patiné sont de Louis-Auguste Marquis.
Les quatre grands paysages imaginaires sont attribués à Philippe Spruyt (signé P. S.).
Les chaises cannées sont contemporaines, elles imitent un modèle français de 1780. Elles ont été réalisées par Henryot et Cie (Liffol-le-Grand, depuis 1867), en France, avec du bois choisi dans les forêts entourant les ateliers.

La chambre de la Reine
Cette pièce servait autrefois de cabinet de travail au ministre. Par la suite, elle eut pour fonction de recevoir les souverains et les épouses de chefs d'État, fonction qui disparut avec la Ve République lorsque le général de Gaulle décida de recevoir ses hôtes à l'hôtel de Marigny.
Le décor sculpté, de style Louis XV, est dû à Victor Cruchet (1777-1864). Pour l'essentiel, le mobilier est constitué d'une très belle table Empire à piètement en pattes de lion, d'une commode Louis XVI, d'un lit de style Louis XVI, d'une pendule et de sièges cabriolets Louis XV, recouverts de tissu frappé à "la pensée".
Aux murs sont présentées deux scènes galantes dans le genre de Watteau, face au miroir La Leçon de flûte, de Nicolas Lancret (1690-1743), et entre les fenêtres des Baigneuses de Jean-Baptiste Pater (1695-1736). Tous deux furent élèves de Watteau. Sur le mur de gauche est exposée une Vue de la cascade des Marmore, par Prosper Barrigue de Fontainieu (1760-1850).

La salle de bains de la Reine
Elle fut créée en 1938 à l'occasion de la venue en France du roi d'Angleterre Georges VI et de la reine Elizabeth. Réalisée sous les ordres de l'architecte Pierre Bruneau, elle s'inscrivait dans le cadre d'un programme général de rénovation et de modernisation de l'hôtel du ministre.
Comme la salle de bains du roi, le choix des coloris et des tons montre un souci d'harmonie et de douceur que l'on doit essentiellement au savoir-faire du céramiste et verrier Auguste Labouret (1871-1954) et de l'architecte-décorateur Jacques Adnet (1900-1984). La restauration de la pièce, réalisée en 2004, a permis de restituer l'éclat d'une architecture au luxe transatlantique digne de prendre place dans une anthologie de l'art décoratif des années 1930.

Le salon des Beauvais
Le salon des Beauvais, également appelé salon des Perroquets, est une pièce d'apparat qui unit les deux chambres royales. Il doit son nom aux magnifiques tapisseries de Beauvais qui l'ornent. Constitué de panneaux, de tentures, de trumeaux, de dessus de portes et de pare-feu, cet ensemble de tapisseries a été réalisés à la fin du XIXe siècle. Les décors floraux, des assises notamment, ont beaucoup souffert.
Décors de fleurs, de perroquets, de profils évoquant les cinq parties du monde, se détachent en coloris sur un fond clair, chargé d'éléments chantournés, et nous redonnent l'atmosphère appréciée au siècle dernier.
Le tapis de la Savonnerie a été exécuté sous le Second Empire. On y retrouve le chiffre impérial, en écho au nom de l'Empereur inscrit dans le ciel du plafond.

La chambre du Roi
Actuellement, cette pièce sert de salle de réunion. Elle fut la chambre du ministre jusqu'en 1912 où il fut décidé que cette partie des appartements serait consacrée à l'accueil des souverains et chefs d'État. Cette fonction disparut avec la Ve République, lorsque le général de Gaulle décidé de recevoir ses hôtes à l'hôtel de Marigny.
À chaque visite d'État, l'ameublement en était modifié grâce à des prêts du Mobilier national et du musée du Louvre.
Le décor est l'oeuvre du sculpteur ornemaniste Victor Cruchet. Le mobilier se compose d'une commode Louis XVI, d'un bonheur-du-jour et d'un secrétaire à abattant d'époque Louis XVI, ainsi que d'un lit empire. Sur la cheminée, le cartel en bronze doré Napoléon III est signé Thuret à Paris.
Dans les entre-fenêtres, se trouvent deux peintures : Portrait d'un magistrat, de l'école française du XVIIIe, et Portrait de François-Antoine Herman, par Henri-Pierre Danloux. Puis de la cheminée au salon des Beauvais : Vieille Rue de Normandie par Garneray, Portrait de la marquise de Moulins-Rochefort par Jean-Baptiste Santerre et Portrait de la duchesse du Maine de l'atelier de Pierre Gobert.
Un buste en marbre de D. Maccesi, daté de 1876, est posé sur la commode.

La salle de bains du Roi
Elle a été réalisée en 1938 à l'occasion de la venue en France du roi d'Angleterre Georges VI et de la reine Elizabeth. Sa création, tout comme celle de la salle de bains de la Reine, s'intégrait dans un programme général de rénovation et de modernisation de l'hôtel du ministre, qui fut dirigé par Pierre Bruneau, architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux. L'un des chefs-d'oeuvre du goût français, cette pièce permit tout particulièrement à trois artistes de s'illustrer : le verrier et mosaïste Auguste Labouret (1871-1964), le sculpteur et laqueur Paul-Étienne Saïn (1904-1995), et l'architecte-décorateur Jacques Adnet (1900-1984), à qui l'on doit notamment la coiffeuse et les sièges.
Ce lieu servit de bureau jusqu'en 1999. Protégés par des coffrages, les principaux éléments décoratifs (lavabo et baignoire) ont pu être maintenus dans un état de conservation satisfaisant. La pièce a été restaurée en 2003.

Le rez-de-chaussée

Depuis la construction du palais, la destination du rez-de-chaussée n'a pratiquement pas varié. Selon le projet de l'architecte Lacornée, on devait y trouver le cabinet du ministre, des salles d'attente, le secrétariat et le bureau des dépêches, ainsi que des pièces de réception, réparties en trois grands salons et une salle à manger.
Par leurs dimensions, les salons du rez-de-chaussée étaient des lieux propices aux réceptions, et de nombreux événements solennels ou festifs s'y déroulèrent.
Sous le Second Empire, ils servirent de cadre à des réceptions fastueuses et à des concerts. En dehors de ces fêtes, les salons accueillirent les délégations venues assister à des conférences internationales, comme le congrès de Paris de 1856 et la conférence de paix de 1919. Le salon de l'Horloge a également été le cadre de la déclaration de Robert Schuman sur l'Europe en 1950 et de la signature du traité CECA l'année suivante (première étape de la construction européenne).

L'antichambre des Huissiers
Face à la cheminée, le miroir est surmonté d'un trophée sculpté par Michel Liénard, formé des attributs de l'astronomie, de l'architecture, de la peinture, de l'agriculture et du commerce, entrelacés de branches d'olivier et de laurier.
En face, sur la cheminée, une pendule de 1840 représente les quatre âges de la vie. Elle est entourée de deux flambeaux dont le décor symbolise les quatre éléments. La paire de chenets Empire en bronze doré représente des lions couchés sur un socle orné de Renommée et de couronnes de fleurettes.
De part et d'autre de la cheminée se trouvent le portrait du parlementaire Émile Desages, un original signé Théodore Chassériau (1819-1856), grand peintre de la période romantique, élève d'Ingres et grand admirateur de Delacroix, et celui de François Guizot, ministre des Affaires étrangères de 1840 à 1848, par le peintre américain George P. A. Healy (1813-1894). Ce dernier est un don de la famille Boissonnas, descendante de Guizot, de 2004.
Au fond de la pièce est présenté un tableau d'Édouard Dubufe (1820-1883) représentant la signature du traité de Paris en 1856, qui eut lieu dans l'actuel salon des Ambassadeurs. Ce tableau fut dans la pièce suivante jusqu'en 1906, avant de rejoindre le musée de Versailles. Il revint ici en 2008.
Les quatre consoles laquées et dorées sont de l'ébéniste Jeanselme et font partie du mobilier original. L'ensemble des sièges recouverts de velours rouge est d'époque Empire.

Le salon du Congrès
Ce salon doit son nom au congrès de Paris de 1856, qui mit fin à la guerre de Crimée, bien que le traité de paix fut signé dans l'actuel salon des Ambassadeurs se trouvant juste après celui-ci.
Le décor sculpté est dû à Michel Liénard et aux frères Huber. Le plafond a été peint par François-Joseph Nolau et Auguste Alfred Rubé, et les dessus-de-porte, qui représentent les quatre saisons, par Théophile Auguste Vauchelet.
Une tenture tissée par la manufacture des Gobelins entre 1828 et 1838 présente des scènes de la vie de Marie de Médicis, d'après les peintures exécutées par Pierre Paul Rubens au XVIIe siècle pour le palais du Luxembourg et aujourd'hui conservées au musée du Louvre.
L'ensemble des sièges et des meubles ont été dessinés par Michel Liénard et réalisés par les ébénistes Jeanselme. Le lustre de style Renaissance et les candélabres entre les fenêtres sont de la main du bronzier Victor Paillard. La pendule sur la cheminée représentant l'architecture et la peinture est aussi de cet artiste, de même que les deux candélabres représentant les trois grâces.

Le salon des Ambassadeurs
Son nom indique sa destination ordinaire : c'est par là que sont introduits les visiteurs du ministre. C'est dans cette pièce que s'est tenu en 1856 le congrès de paris qui mit fin à la guerre de Crimée. La première conférence internationale à se tenir dans les nouveaux locaux a été magistralement représentée par Édouard Dubufe en 1856 dans le tableau accroché dans l'antichambre des huissiers.
Le décor sculpté est des frères Huber, et le lustre de Victor Paillard, bronzier. Les voussures ont été peintes par François-Joseph Nolau et Auguste Alfred Rubé, et les dessus-de-porte représentant les sciences et les arts sont de Théophile Auguste Vauchelet.
Le décor mobilier est assez éclectique :
  • Les tapisseries accrochées de part et d'autre de l'entrée du bureau du ministre sont du XVIIIe siècle. Elles ont été tissées à la manufacture des Gobelins d'après des cartons de Lucas Van Leyden. Elles représentent Janvier ou le Jour de l'An et Février ou le Jeu ;
  • Les sièges d'époque Empire sont de l'ébéniste François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841) ;
  • La pendule d'époque Napoléon III représente la poésie et la musique. Elle est de Victor Paillard (1805-1886), ainsi que les candélabres et le lustre de style néo-Renaissance.

Le bureau du Ministre ou salon de la Rotonde
C'est en 1989 que ce salon, appelé salon de la Rotonde, devint le bureau du ministre des Affaires étrangères. Avant, il se situait dans la pièce voisine (actuel secrétariat particulier du ministre).
Le décor sculpté est dû aux frères Hubert et aux frères Derre. Les peintures sont d'Hippolyte Adam (1808-1853), peintre romantique qui, sur la fin de sa vie, se consacré à la réalisation de grands décors tels que celui-ci.
Parmi l'ensemble du mobilier, signalons tout particulièrement :
  • Les tapisseries appartenant à la tenture des Portières des dieux, tissées au XVIIIe siècle par la manufacture des Gobelins d'après les cartons peints vers 1699 par Claude III Audran et symbolisant les saisons et les éléments. Les six tapisseries (de droite à gauche) : Saturne ou l'Hiver, Bacchus ou l'Automne, Jupiter ou le Feu, Neptune ou l'Eau, Cérès ou l'Été, Vénus ou le Printemps.
  • Un ensemble de sièges Louis XV, à droite.
  • Un meuble d'appui en ébène et marqueterie de Boulle, à gauche. Daté fin XVIIIe, il provient des Tuileries. Face à lui, sa contrepartie, avec le même décor inversé : les motifs sont en écaille de tortue sur fond de cuivre.
  • Une pendule Louis XVI, posée sur le meuble d'appui à gauche, qui est d'André Brasseur.
  • Un encrier en vermeil, également dit « de Vergennes », posé sur le bureau du ministre. Il a, en réalité, été commandé à la maison Odiot pour Talleyrand  et a été réalisé en 1819. Il a servi pour la signature du traité de Paris en 1856 (cf. le tableau dans l'antichambre des Huissiers).
  • Le bureau du ministre, de style Louis XV, est un travail de l'ébéniste Antoine Krieger (1800-1860). Dans les embrasures des fenêtres, le bureau plat (bouleau teinté brun) et la console ont été dessinés par Axel Kufus et réalisés en 2003 par le Mobilier national. Les deux fauteuils sont d'Olivier Gagnère (hêtre garni de cuir marron).

La galerie de la Paix
Appelée Galerie, puis galerie des Fêtes et enfin galerie de la Paix, cette très belle pièce donne sur le jardin, le bureau du Ministre et la Grande Salle à manger. Elle est également dans le prolongement du salon de l'Horloge avec lequel elle communique par trois baies peintes par François-Joseph Nolau et Auguste Alfred Rubé. La décoration de la voussure du plafond est également de leur main. On y voit Apollon, des trophées de musique et une tête de faune au milieu des grands côtés dans un cartouche rehaussé d'or. Les médaillons d'angles sont ornés de vases de fleurs. Le chiffre impérial, aujourd'hui disparu, était peint au milieu des petits côtés.
Les pilastres rythmant les murs sont surmontés de griffons. Pilastres, chapiteaux et frises ont été sculptés par Michel Liénard, à qui l'on doit également le trumeau de la cheminée et les cadres des glaces au-dessus des consoles. Il est aussi l'auteur de six dessus-de-porte au rez-de-chaussée, dont seul subsiste celui visible dans cette galerie, au-dessus de la porte de communication avec le bureau du Ministre. Il se compose d'un cartouche ovale agrémenté de guirlandes de fruits et surmonté d'un petit fronton à volutes avec vase. Deux enfants musiciens sont assis de part et d'autre du cartouche. Les dessus-de-porte menant à la salle à manger sont d'Hippolyte Adam.
Sur la cheminée : une pendule de Louis Auguste Marquis représente une allégorie de la musique. Le mobilier est Empire et provient en partie du château de Compiègne.

Le salon de l'Horloge
À l'origine destinée aux bals et concerts, cette salle servit de cadre à la signature de traités et au déroulement de conférences internationales. C'est dans cette pièce, devant la cheminée, que Robert Schuman prononça le 9 mai  1950 la célèbre déclaration sur l'Europe. Celle-ci allait aboutir le 18 avril 1951 à la signature du traité de Paris instituant la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier), première étape de la construction européenne.
D'abord appelé salon de l'Empereur, salon des Fêtes ou salon des Concerts, puis salon de la Paix jusqu'à la Première guerre mondiale, ce lieu prit enfin le nom de salon de l'Horloge en raison de l'horloge intégrée à sa cheminée.
Le décor sculpté est dû à Michel Liénard, et les lustres à Victor Paillard. La sculpture au-dessus de la cheminée représentant la France est de Joseph Michel-Ange Poilet. Elle a remplacé celle de l'empereur Napoléon III par Hubert Lavigne en 1860. Les décors peints sont de François-Joseph Nolau et d'Auguste Alfred Rubé, et les dessus-de-porte de Nicolas Gosse représentent quatre continents.

Le vestibule Est
Cette entrée secondaire, construite par souci de symétrie de la façade, pouvait également servir de sortie. Le lustre et les consoles sont dus à l'architecte français Jean-Michel Wilmotte (né en 1948).
Les tapisseries ont été tissées par la manufacture nationale de Beauvais d'après les cartons de Victor Vasarely (1906-1997). Elles ont été déposées par le Mobilier national en 2013.

La grande Salle à manger
La grande Salle à manger est perpendiculaire aux autres pièces et donne sur le jardin par neuf grandes fenêtres. Elle ouvre à la fois sur la galerie de la Paix, le salon de l'Horloge et le vestibule Est.
La voussure du plafond a été peinte par Charles Séchan (1803-1874) d'un ensemble d'arabesques en or et en camaïeu de bleu rehaussé d'or, entremêlées de masques de guirlandes, de fleurs et de médaillons.
Combettes a réalisé la sculpture ornementale du plafond, au milieu duquel des enfants ailés tiennent une couronne. Les cartouches des quatre angles du plafond ont conservé le chiffre impérial. L'artiste a orné la corniche de modillons, de rosaces, de pilastres et de petits frontons. Il a sculpté au-dessus de chaque porte deux enfants tenant un médaillon couronné de feuilles d'acanthe et de fleurons.
Le ciel du plafond a été réalisé en 2003 par Véronique Mourier-Renault, peintre décorateur. Elle a représenté un ciel rappelant ceux de Pierre-Henri de Valenciennes, théoricien de la peinture de paysage au début du XIXe siècle, dont des générations d'élèves se retrouvèrent à Barbizon.
Les lustres de style Renaissance ont été réalisés par Victor Paillard d'après un dessin de Michel Liénard. Le mobilier d'origine a été dispersé.
Les cadres des cinq glaces ont été sculptés par Liénard. Leur décor est similaire, à l'exception de celui qui fait face au jardin, dont l'ornementation est plus riche : une tête de femme soutient un fronton décoré d'un vase. Les pilastres de part et d'autre sont surmontés d'une tête de chevreuil et décorés de chutes de fruits et de fleurs.
Cette salle à manger peut contenir environ 150 couverts. L'habitude autrefois était aux grandes tables, aujourd'hui elles sont en général constituées de huit à dix convives. Cet espace peut également servir pour des réunions internationales (les cabines de traduction sont alors installées dans la galerie de la Paix), des colloques et d'autres événements de natures bien diverses. Cette pièce servit également de salle d'examen d'entrée à l'administration du Quai d'Orsay.

En complément : site Internet de l'hôtel du ministre des Affaires étrangères.

Photos : © Frédérique Chavance

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