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jeudi 6 novembre 2025

Les Borgia

Les Borgia
Auteur : Claude Mossé

Texte de présentation

Respectueux de la vérité, Claude Mossé s'attache à raconter la sulfureuse histoire d'une famille exceptionnelle.
La papauté a définitivement quitté Avignon pour Rome. À Valence, en Espagne, les Borgia se préparent à mettre la main sur le gouvernement de l'Église. Pour y parvenir, rien ne les arrête. Deux papes Borgia occuperont le trône de saint Pierre : Alonso Borgia, devenu Calixte III, puis son neveu Rodrigue, plus connu sous le nom d'Alexandre VI. Intrigues, corruption, alliances sulfureuses, amours illégitimes, crimes, luxure, ils ne reculeront devant rien pour satisfaire leurs ambitions.
Aux violences, aux passions, aux scandales, l'auteur a ajouté une part de romanesque. Les adversaires déterminés des Borgia, tel le pur Vicente, ont-ils réellement existé ? Une fiction conçue comme un roman policier du XVIe siècle. Une fresque où, de rebondissements en événements imprévus, de la première à la dernière page, la réalité et l'imaginaire s'entremêlent.

📕 Lire un extrait de ce roman :



Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Hervé Chopin
Date de parution : novembre 2025
Couverture : brochée
Format : 14,5 cm x 22 cm
Pagination : 468 pages
ISBN : 978-2-3572-0941-1

Livre numérique

Éditeur : Hervé Chopin
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– Numilog : ePub

mercredi 22 octobre 2025

Au temps où la Joconde parlait

Au temps où la Joconde parlait
Auteur : Jean Diwo

Texte de présentation

Un jeune peintre sicilien, Antonello, part à dos de mulet pour aller chercher jusqu'à Bruges un secret bien gardé, celui de la peinture à l'huile, découvert par Van Eyck. Un pari fou qu'il gagnera. Antonello de Messine rapportera en Italie la formule du nouveau solvant, après trois années de péripéties dramatiques, drôles et amoureuses.
De Florence à Rome, de Naples en Flandre, de Milan à la cour de François Ier, nous suivons le prodigieux théâtre ambulant des génies de la Renaissance. Ces acteurs qui se donnent la réplique avec passion, qui vivent leur art et leur foi jusqu'à en mourir, aiment et haïssent, se nomment Léonard de Vinci, Michel-Ange, Botticelli, Savonarole, les Médicis, Raphaël, Machiavel, Lucrèce et César Borgia...
Encore faut-il ajouter à cette distribution fabuleuse les papes, les princes, les condottieri qui accompagnent du fracas de leurs armes la plus magnifique éclosion de chefs-d'oeuvre de l'histoire. C'est le temps où Léonard, entre deux inventions de machines volantes, écoute parler Mona Lisa dont il peint le visage mystérieux. Ce panneau de peuplier qu'il apportera dix ans plus tard à Amboise dans ses bagages deviendra la mythique "Joconde".

📕 Lire un extrait de ce roman.

Mon avis : Coup de coeur !

Un roman qui replace les oeuvres d'art dans le contexte historique et artistique de l'époque
Un conseil : si vous avez suivi des cours d'histoire de l'art ou si vous êtes passionnés par le Quattrocento et le Cinquecento, plongez dans ce fabuleux roman historique qui vous permettra de remettre les oeuvres d'art que vous connaissez dans leur contexte et de mieux appréhender le foisonnement artistique de ces périodes.
Pour ma part, grâce à ce roman, ces oeuvres ont enfin pris vie, loin de l'enseignement académique que j'ai suivi ("nom de l'oeuvre, nom de l'artiste, nature de l'oeuvre, dimensions, technique utilisée, lieu de conservation..."), ainsi que les artistes. En effet, on oublie bien souvent, toujours à cause de l'enseignement cloisonné et très intellectualisé dispensé à l'université, qu'ils étaient tous en relation les uns avec les autres. Pour ceux qui découvriraient la Renaissance italienne d'un point de vue artistique, vous ne serez pas déçus, mais, pour en profiter pleinement, n'hésitez pas à rechercher les oeuvres sur Internet, ça change tout !

Des personnages extraordinairement vivants
Alliant avec brio un bon rythme narratif et une richesse de détails et d'informations, ce roman débute avec Antonello de Messine, jeune apprenti au service d'un maître italien spécialiste des fresques à la détrempe. Mais Antonello est subjugué par les toiles du maître flamand Van Eyck qui a mis au point dans le plus grand secret un nouveau vernis qui donne à ses toiles un éclat, une lumière jusqu'ici inconnus. Il va alors partir à dos de mule pour Bruges afin d'y rencontrer Van Eyck, entrer à son service et rapporter en Italie le secret de fabrication de la peinture à l'huile du maître. Cette nouvelle technique va faire sa gloire et précipiter l'Italie vers la Renaissance avec des artistes comme Giovanni Bellini, Filippo Lippi, Léonard de Vinci, Michelangelo Buonarroti, Andrea del Verrocchio, Botticelli, Raphaël. Les dialogues passionnés de Léonard de Vinci face à son grand rival florentin Michel-Ange, de Botticelli ou bien de Raphaël résonnent de manière extraordinairement vivante, comme si tous ces génies se matérialisaient subitement pour nous faire découvrir quelques pans concrets de l'histoire à travers leurs paroles et leurs actes.

Un contexte historique bien intégré à la trame du roman
Comme ces artistes entretenaient des relations très étroites avec les rois, papes et autres grands de l'Italie, Jean Diwo ne manque pas de décrire ce contexte historique (Cosme de Médicis, Laurent de Médicis, papes Jules II, Léon X, Clément VII...).

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : J'ai lu
Date de parution : octobre 2025
Couverture : brochée
Format : 11,2 cm x 17,8 cm
Pagination : 736 pages
ISBN : 978-2-2904-3124-5

mercredi 7 mai 2025

L'archiprêtre et la cité des Tours

L'archiprêtre et la cité des Tours
Auteur : Jean d'Aillon

Texte de présentation

En Provence pendant la guerre de Cent Ans, la capitale du comté cherche à se libérer de trois autorités : celle de la reine Jeanne, celle du pape Innocent VI et celle de Charles IV, empereur d'Allemagne, qui, pour soumettre les Provençaux à son pouvoir, n'hésite pas à envoyer une compagnie de pillards, sous la houlette d'Arnaud de Cervole, dit l'archiprêtre, saccager le pays.
Les trois cités qui constituent la capitale ont décidé de fusionner pour créer Aguensi – Aix – et gagner en autonomie et en résistance. Pietro da Sangallo, jeune ambassadeur de Florence, a pour mission d'apporter une importante somme d'argent au sénéchal de Provence afin de financer la lutte contre les pillards. Trahi par son écuyer, il devra affronter, en plus de la violence des brigands, la méfiance des notables du comté. Parviendra-t-il à déjouer les intrigues qui se mettent en travers de sa route et à sauver la ville ?
On retrouve le talent de conteur de Jean d'Aillon qui s'attache ici à une période méconnue de notre Histoire. Son souci de la précision historique et des détails rend le récit incroyablement vivant et proche. On suit ce jeune héros italien impétueux et brillant dans des aventures aussi trépidantes que passionnantes.

Mon avis : Bien

Il faut le reconnaître : Jean d'Aillon allie avec merveille le talent de conteur et le talent d'historien. Encore une fois, il nous propose un roman historique très bien documenté sur une période méconnue de notre Histoire. Pas de temps mort, du suspense, une précision historique : le récit est vivant et passionnant. Ce n'est pas mon roman de Jean d'Aillon préféré (La Conjecture de Fermat est à mon sens son meilleur roman historique), mais c'est plutôt un bon cru.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : 10/18
Date de parution : mai 2025
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,9 cm
Pagination : 456 pages
ISBN : 978-2-2640-8557-3

jeudi 16 janvier 2025

Le procès Mein Kampf

Le procès Mein Kampf
Auteur : Harold Cobert

Texte de présentation

L'histoire incroyable mais vraie de la publication de Mein Kampf en France.
1934. Mein Kampf, le manifeste d'Adolf Hitler, rencontre un immense succès en Allemagne et dans le monde. Pourtant, en France, on n'en connaît que des extraits et, sa traduction ayant été interdite par le Führer lui-même, le texte entier reste inédit.
Que peut bien contenir Mein Kampf pour que les Français ne soient pas autorisés à le lire ? Tandis que Hitler prône une paix durable entre la France et l'Allemagne, certains soupçonnent des desseins plus sombres derrière ces belles paroles.
Face à cette interdiction de publier, une improbable coalition se forme : des anciens combattants proches de l'Action française et des militants de la cause juive — ennemis politiques que pourtant tout oppose — unissent leurs forces pour révéler au grand jour les véritables intentions du Führer.
Le Procès Mein Kampf raconte avec brio la folle épopée de la publication de ce texte en français et du retentissant procès qu'elle a entraîné, portée par le flamboyant avocat Philippe Lamour.

Mon avis : Excellent !

En découvrant ce roman en librairie, quelle n'a pas été ma surprise !
Spécialiste de Mirabeau à qui il a consacré une thèse de Lettres, Harold Cobert est l'auteur entre autres de Le Rouge et le Blanc, Belle-Amie, Dieu surfe au Pays basque, L'entrevue de Saint-Cloud. Certes, Le Rouge et le Blanc lui a déjà permis d'explorer l'histoire du XXe siècle (en Russie), mais ses romans se déroulent habituellement plutôt au XVIIIe siècle ou au XXIe siècle. Surtout, il n'avait jusqu'à maintenant jamais abordé dans ses romans le nazisme et l'antisémitisme.
Comme l'indique Harold Cobert à la fin de son roman, il souhaitait écrire autour de ces thématiques depuis de nombreuses années, mais il ne trouvait pas le bon angle, celui qui permet "à l'Histoire de tendre un miroir saisissant, voire dérangeant, à notre époque et à notre actualité." C'est en travaillant sur l'intrigue et les personnages de son précédent roman, Le Rouge et le Blanc, qu'il a croisé la route de l'Allemagne nazie, d'Hitler et de Mein Kampf et qu'il est tombé sur cette incroyable mais véridique histoire, le procès intenté en 1934 par le chancelier Hitler contre les Nouvelles Éditions Latines.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?!
Mein Kampf a été écrit par Hitler en 1924 alors qu'il purgeait une peine de prison après sa tentative de putsch raté à Munich en 1923. Publié dès 1925, ce manifeste idéologique est rapidement devenu un best-seller en Allemagne et a même été traduit dans plusieurs pays, sauf en France ! En effet, le chancelier allemand s'oppose alors à une édition en français. Hum, étrange ! C'est ce que se sont dit une poignée d'hommes que tout oppose et qui pourtant vont s'allier pour publier illégalement une édition intégrale de ce livre, afin d'alerter l'opinion publique du danger que représente Hitler et de ses véritables projets.

Qui sont ces hommes ?
On peut distinguer deux "clans" : des membres de l'extrême droite antisémite, proches de l'Action française, et des défenseurs de la cause juive (Ligue internationale contre l'antisémitisme). Incroyable, non ?! En fait, ces hommes ont bien un ennemi en commun, mais pour des raisons différentes. Si les premiers reprochent à Hitler ses intentions belliqueuses, les seconds s'inquiètent de sa haine des juifs. Toujours est-il que ces hommes ont pris de gros risques, mettant leur vie en danger.
Concrètement, c'est André Calmettes qui se charge de la traduction (en fin de livre figure un texte d'André Calmettes : "Pourquoi j'ai traduit Mein Kampf") et la publication est assurée par l'éditeur Fernand Sorlot des Nouvelles Éditions Latines. Au total, ce sont 5 000 exemplaires qui sortent des presses.
En découvrant cette publication illégale de Mein Kampf, Hitler entre alors dans une colère terrible et charge son éditeur allemand d'intenter une action en justice pour "contrefaçon" auprès du Tribunal de Commerce de la Seine. C'est là qu'entre en scène Philippe Lamour, brillant avocat, qui prend en charge la défense de Fernand Sorlot. Même s'il sait que la cause est perdue d'avance, il se battra jusqu'au bout, car ce sera selon lui "une défaite judiciaire pour une prise de conscience". Mais c'est plus globalement toute l'atmosphère des années 30 qui défile sous nos yeux, avec ses personnages emblématiques : Fernand de Brinon, André Calmettes, Maurice Vanikoff, Georges Lacaze, Otto Abetz, Joachim von Ribbentrop, Bertrand de Jouvenel...

Un roman à la fois instructif et captivant !
Oui, Harold Cobert est en effet tombé sur une belle pépite, un fait historique méconnu et puissamment romanesque ! Mais cela ne suffit pour faire un "bon livre". C'est un peu comme une recette de cuisine : au départ, vous avez un plat qui semble génial, mais suivant la personne qui réalisera la recette, le résultat ne sera pas le même. Et ici, nous avons un grand chef !
Tout d'abord, l'auteur s'est appuyé sur une riche documentation – dont on a un aperçu à la fin du roman sous forme d'extraits de journaux, d'archives judiciaires et d'une bibliographie. Mais il a pris le temps de bien l'assimiler et la digérer pour l'intégrer avec finesse et par petites touches dans son récit conçu de manière millimétrée, maniant à la perfection l'alternance des temps de narration et du dialogue, et instillant aux bons moments suspense et rebondissements. Même si l'on pressent ce qu'il va se passer, le doute – l'espoir – persiste jusqu'à la dernière page, maintenant le lecteur en haleine.
Le tout est accompagné et soutenu par une plume fluide, vive et tonique, parfaitement bien adaptée au sujet, le procès. En effet, dès qu'apparaît l'avocat Philippe Lamour, le récit s'envole et prend toute son ampleur : ce personnage passionné, entier, talentueux, plein d'humour et cultivé nous subjugue et nous emporte tant son enthousiasme et son courage sont communicatifs. Il est une vraie bouffé d'air et, avec lui, on a envie d'y croire ! Bien que toujours en retard, laissant à penser qu'il est tête en l'air et peu sérieux, il est en réalité un brillant et astucieux avocat, qui mène le procès comme une partie d'échec, anticipant ou parant chaque coup sans jamais se décourager. Comme je travaille dans le milieu de l'édition, j'ai particulièrement été intéressée par les aspects juridiques de l'affaire, les parades des avocats, les textes sur lesquels ils s'appuient et leurs interprétations des textes de lois. Par ailleurs, les sources d'inspiration de Philippe Lamour, Cyrano de Bergerac et Mirabeau, donnent lieu à des joutes oratoires et à des réparties mémorables ! Sa plaidoirie finale est tout simplement magistrale.

Un roman qui fait réfléchir...
Le risque avec un tel sujet c'est que le côté "donneur de leçons" prenne le dessus et écrase la fiction de tout son poids. Ce n'est absolument pas le cas ici : même si l'auteur ne cache pas que cet épisode "dépassait tout ce que j'avais espéré tant il m'apparaissait aussi extraordinaire dans sa dramaturgie que contemporain dans les ramifications de ses thématiques", il a bien pris soin de présenter les différents points de vue des personnages sans jamais porter un jugement ni prendre parti. De toute façon, nul besoin d'enfoncer le clou : les faits sont là et parlent d'eux-mêmes. Mieux encore, il parvient à mettre en lumière des questions toujours d'actualité et qu'il évoque à la fin du livre : Certains livres sont-ils dangereux ? Où commence et où s'arrête la liberté d'expression ? Que faut-il interdire ou ne pas interdire ? Sommes-nous aujourd'hui capables de renoncer à ce qui nous oppose et de nous unir contre un ennemi qui nous menacerait tous ou simplement autour de valeurs plus grandes que nous ?... Ces questions parleront à tout le monde, mais suivant le parcours de chacun(e), elles auront une résonance plus ou moins forte. À titre personnel et professionnel, ces questions m'ont rappelé mes propres interrogations lors de la parution en 2021 de la réédition revue et accompagnée d'un appareil critique de Mein Kampf par les éditions Fayard. Et évidemment toutes ces questions résonnent dans nos têtes au vu de l'actualité...

Un roman historique instructif, basé sur une histoire vraie stupéfiante et qui tient le lecteur en haleine jusqu'au bout !

♜ ♜ ♜ ♜ ♜ ♜

En conclusion
Points forts :
  • Le point de départ du roman : un fait historique méconnu et très romanesque.
  • Une autre manière de parler du nazisme et de l'antisémitisme.
  • Un bon équilibre entre l'Histoire et la fiction.
  • Les passionnants aspects juridiques liés au droit d'auteur, rendus accessibles à tou(te)s et le dessous des stratégies des avocats.
  • Une maîtrise du récit, un bon rythme avec des pics de suspense et de tensions, et des rebondissements bien que le sujet ne semblait pas s'y prêter beaucoup de prime abord.
  • Le personnage atypique de Philippe Lamour, un avocat à la fois rusé, courageux, tenace et drôle.

Points faibles :
  • Un contexte historique et quotidien, celui des années 30 en France, peu développé (et pas présenté en début de livre) : une petite sensation d'être en vase clos, mais qui permet d'être au coeur du sujet.
  • Absence de mini-biographies des personnages historiques qui interviennent dans le roman. Je ne sais pas si certains ont existé ou pas...

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Les Escales
Date de parution : janvier 2025
Couverture : brochée
Format : 14 cm x 22,5 cm
Pagination : 336 pages
ISBN : 978-2-3656-9901-3

Livre numérique

Éditeur : Les Escales
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– Lisez ! : ePub –– Numilog : ePub

Le bossu

Le bossu
Auteur : Paul Féval

Texte de présentation

"Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi."
À l'aube du siècle des Lumières, c'est dans l'ombre que le prince Philippe de Gonzague fomente l'assassinat de son cousin, le duc de Nevers, dont il espère accaparer la femme et la fortune. Une épée vient contrarier ses plans, celle du chevalier de Lagardère. S'il ne parvient pas à empêcher l'assassinat de Nevers, il sauve sa fille, Aurore, et promet de venger le duc et de faire triompher la justice.
Dans le Paris de la Régence, aux ruelles menaçantes et à la Cour corrompue, apparait alors un mystérieux bossu...
Au-delà d'un majestueux roman de cape et d'épée, Paul Féval livre dans Le Bossu une délicieuse satire de la Régence et de la noblesse et offre, à travers le personnage de Lagardère, l'une des figures les plus populaires de la littérature française.

Mon avis : Excellent


Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : 10/18
Date de parution : janvier 2025
Couverture : brochée
Format : 10,8 cm x 17,7 cm
Pagination : 840 pages
ISBN : 978-2-2640-8522-1

Livre numérique

Éditeur : 10/18
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– Lisez ! : ePub –– Numilog : ePub

Gratuit (domaine public)
Format : Ebooks libres et gratuits : ePub, Mobipocket ou PDF

jeudi 2 mai 2024

Juliette et les Cézanne

Juliette et les Cézanne
Auteur : Jean d'Aillon

Texte de présentation

Avril 1944 : le capitaine John Cavendish – nom de code : Forbin – est parachuté en Provence. Il est chargé par le B.C.R.A. de retrouver deux tableaux inestimables de Paul Cézanne avant que les Allemands ne s'en emparent.
Mais lorsque Juliette Lecompte, une jeune restauratrice de tableaux du musée Granet, membre du réseau Libération-Sud, découvre que Cavendish propose des Cézanne à l'avocat Bergatti, défenseur du bandit Carbone, pilier de la Solidarité française et ami de Sabiani, le chef du parti populaire français, les responsables de la Résistance décident d'interroger l'agent anglais. Mais celui-ci, ainsi que Juliette Lecompte, a disparu.
Dans le maquis de Provence, dans les bars de la Plaine ou à l'Alcazar, à la Gestapo de la rue Paradis, à Marseille, ou de la Mule Noire, à Aix, chacun tente de mettre la main sur les tableaux de Cézanne et sur le capitaine Cavendish. Pour mettre la main sur les oeuvres du Maître, vont s'affronter un avocat véreux lié aux bandits marseillais, des membres de la Milice, et même l'acheteur de tableaux du Reichsmarshall Goering. Face à eux, un adversaire redoutable – Hitler, et son projet fou du plus grand musée de la Terre, le musée de Linz.
Dans ce tourbillon d'actions, de dangers et parfois aussi de morts, une question demeure : qui manipule qui, et quelle est la véritable mission de John Cavendish ?

Mon avis : Très Bien

Jean d'Aillon nous plonge dans l'époque tumultueuse de la Résistance avec ce roman historique qui entremêle avec finesse vérité et fiction. De l'action, du suspense, un contexte historique bien documenté, des personnages intéressants : voici un roman historique passionnant.
Si vous avez, comme moi, quelques difficultés à lire des romans historiques se passant durant les guerres du XXe siècle, lisez ce roman historique : l'angle d'approche pris par Jean d'Aillon pour parler de cette époque – l'art –, est original, riche et bien maîtrisé.
Une petite bibliographie en fin d'ouvrage permet aux plus curieux de poursuivre leur propre enquête.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : 10/18
Date de parution : mai 2024
Couverture : brochée
Format : 10,8 cm x 17,7 cm
Pagination : 504 pages
ISBN : 978-2-2640-8476-7

mercredi 6 mars 2024

Pontormo. Portrait d'un peintre à Florence au XVIe siècle

Pontormo
Auteur : Roland Le Mollé

Texte de présentation

Ce roman nous propose de découvrir à la fois la vie et l'oeuvre du peintre florentin Pontormo, l'un des plus singuliers représentants de la Renaissance finissante. L'auteur, qui nous entraîne dans la Florence effervescente du Cinquecento, articule son récit autour de ce personnage au caractère sombre et insaisissable, dont le quotidien est rythmé par la peinture. Une peinture qui rejette tout académisme et qui se distingue par ses couleurs, fines et intenses. Au fil du texte, on apprend à connaître Pontormo, à apprécier cet être torturé, constamment rongé par le doute et l'inquiétude. On participe à ses choix picturaux, de même que l'on rencontre les plus grandes personnalités du XVIe siècle italien, tels le peintre Bronzino ou le célèbre Vasari.
Sans jamais tomber dans l'extravagance ou la trahison, l'auteur reconstruit peu à peu ce portrait à partir d'éléments authentiques, dont certains proviennent du diario, le journal "intime" de Pontormo. Rédigé durant les deux années qui ont précédé sa mort. L'auteur guide aussi le lecteur dans le déchiffrement de son oeuvre qui s'épanouit au sein d'un siècle grandiose mais tourmenté. Il permet ainsi, en abordant différemment l'homme et l'ouvre, de comprendre les liens riches et ambigus que la peinture a entretenus avec le pouvoir, les mécènes, les princes et le religieux.

Mon avis : Au secours !


📕 Lire un extrait de ce roman.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Babel
Date de parution : mars 2024
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,6 cm
Pagination : 432 pages
ISBN : 978-2-3301-8963-1

jeudi 31 août 2023

Marius Granet et le trésor du Palais Comtal

Marius Granet et le trésor du Palais Comtal
Auteur :
Jean d'Aillon

Texte de présentation

En 1308, Charles le Boiteux, comte de Provence, fait arrêter le maître du Temple d'Aix dans l'espoir de s'emparer du trésor caché dans la commanderie de la ville. Mais il ne retrouvera jamais les archives ni le trésor des templiers.
1784 : alors que l'on démolit le Palais Comtal de la ville d'Aix, le jeune Marius Granet et son ami Forbin découvrent dans les ruines romaines un secret redoutable. Quelques semaines plus tard, le marquis d'Entrecasteaux égorge son épouse, Angélique de Castellane. Pour quelles sombres raisons ? S'ensuivent d'autres disparitions et meurtres chez les puissants de la ville. Et bientôt la tourmente révolutionnaire sème la violence sous le ciel ardent d'Aix.
Marius Granet parviendra-t-il à aider Portalis, l'avocat à qui Bonaparte a confié l'enquête ? Le trésor des templiers, qui a fait couler tant de sang, existe-t-il vraiment ?

Mon avis : Bof...

Ce roman historique débute bien, mais, rapidement, l'auteur mêle à l'intrigue des informations générales sur la situation de la Provence au moment de la Révolution. Certes, l'histoire de la Provence sous la Révolution est mal connue, contrairement à Paris, et ce point historique est indispensable, mais il aurait mieux valu le dissocier du récit. Car, dès la moitié du roman, le récit est devenu haché, mêlant de longs apartés historiques à l'intrigue. Conséquence : j'ai perdu le fil de l'histoire qui était au départ intéressante. J'ai tout de même persévéré, car je déteste ne pas finir un livre, mais que ce fut laborieux ! Lorsque je suis arrivée à la fin du roman, je n'avais plus en tête que les informations sur la Provence révolutionnaire devenues indigestes à force, incapable de me souvenir de l'intrigue du roman... Bref, un roman qui aurait pu être passionnant et qui me laisse donc sur ma faim...

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : 10/18
Date de parution : août 2023
Couverture : brochée
Format : 10,8 cm x 17,7 cm
Pagination : 432 pages
ISBN : 978-2-2640-8256-5

Livre numérique

Éditeur : Le Grand Châtelet
Format : Amazon : Kindle

jeudi 8 juin 2023

Enfants de la liberté

Enfants de la liberté
Auteur : Alain Léonard

Texte de présentation

1783. La vie est rude pour ceux qui cultivent la terre, tributaires du climat, des mauvaises récoltes et accablés d'impôts. Catherine, fille du puisatier du village, se voit forcée de quitter sa famille acculée à la misère, et d'entrer au service des nobles locaux, les Saint-Val. Elle suivra ses maîtres à Paris où la colère populaire, qu'attisent la faim et des décennies d'injustices, sera à l'origine des événements de 1789 qui conduiront à des changements radicaux dans la société française.
Du statut de femme de chambre, puis de fugitive à celui d'héroïne de la Bastille, Catherine, jeune fille au caractère entier et rebelle, connaîtra un destin hors du commun. À travers son épopée, entre joies, peines et amours, c'est un pan de la Révolution française et de la société du XVIIIe siècle qui nous est dévoilé.

Mon avis : Très Bien

La Révolution française est certainement l'une des périodes de prédilection des auteurs de romans historiques. Ces derniers temps, fruit du hasard ou bien de mon inconscient, j'ai lu pas mal de romans se déroulant à cette époque, au point de saturer un peu : imaginez mon état quand pour la énième fois de suite je revis la prise de la Bastille ! Alors c'est avec un peu d'appréhension, craignant l'ennui, que je me suis emparée de ce roman. Mais les premières pages m'ont immédiatement captivée et ceci jusqu'au bout du roman !

Point d'enquête policière, pas plus de romance historique et encore moins de terroir, et pourtant ce roman est un subtil mélange parfaitement dosé de suspense, de sentiments et de retranscriptions méticuleuses de la vie quotidienne aussi bien à Paris qu'à la campagne et des événements historiques tels qu'ils ont été vécus par les différents personnages de ce roman.
Et, en tout premier lieu, par l'héroïne, youpi, une femme au centre d'un roman historique ! Et quel personnage ! Catherine, fille du puisatier d'un petit village du Limousin, est obligée de quitter sa famille pour des raisons financières et de se mettre au service du baron et de la baronne de Saint-Val en tant que femme de chambre. La douleur provoquée par la séparation familiale est ravivée le jour où elle doit suivre ses maîtres à Paris, ceux-ci pensant y être davantage en sécurité par les temps qui courent. Pas vraiment, mais Catherine y gagnera sa liberté et vivra au jour le jour les événements de l'année 1789 mais y rencontrera aussi un certain Camille Dessailly, écrivain et journaliste, avec lequel elle nouera une relation intime. Ce tandem Catherine-Camille fonctionne bien, l'un étant le contrepoids de l'autre : quand l'un s'enflamme, l'autre tempère ; quand l'un prend des risques, l'autre tente de le raisonner, etc., mais ce beau duo ne sera pas pour autant à l'abri du danger, bien loin de là d'ailleurs ! Car si Catherine est animée par un sentiment de justice, prenant parfois des risques, toujours elle saura raison garder, ce qui ne sera pas le cas de Camille...

Même si les événements sont vécus principalement à travers les personnages de Catherine et de Camille, autour d'eux gravite tout un cercle de personnages secondaires appartenant à différentes classes sociales, Jean, Marie, le baron et la baronne de Saint-Val, les lavandières, la famille de Catherine. Et tous jouent un rôle important dans ce roman, car chacun exprime à son échelle et selon sa position sociale ses espoirs, ses craintes, ses colères. C'est là l'un des principaux atouts de ce roman : les événements sont vécus à hauteur d'homme, par les gens du peuple et cette approche donne énormément de vie et de force à ce roman. Les faits ne sont plus abstraits, ce ne sont plus de simples dates égrenées – la prise de la Bastille prend une tout autre couleur quand elle est vécue par Catherine ! –, on sent au fil des mois la tension croître et la colère sourdre face aux injustices de plus en plus criantes. Le peuple ne mange pas à sa faim, le peuple travaille d'arrache-pied, le peuple est assommé par les impôts et les taxes alors que, pendant ce temps, d'autres mènent un train de vie dispendieux dans leurs manoirs, châteaux et autres belles demeures.
Le contexte historique n'en est pas pour autant oublié : la mauvaise conjoncture économique et les conditions climatiques exécrables – responsables de mauvaises récoltes, de famines et d'une mortalité plus importante – sont parfaitement évoquées.
Et c'est aussi toute une réflexion qui s'enclenche à travers les personnages lorsqu'ils s'aperçoivent que leurs idéaux révolutionnaires sont dévoyés, que la machine s'emballe... signes annonciateurs de funestes événements à venir.

Mais au-delà des faits, des lieux (Versailles, Hôtel de ville, Invalides, Bastille, prison de la Force, etc.) et des personnages historiques (Robespierre, le gouverneur Delaunay, etc.), parfaitement décrits sans nous noyer sous les détails – et c'est loin d'être facile quand on parle de Révolution française –, j'ai particulièrement apprécié la restitution de la vie quotidienne, certes à Paris (tavernes, marchés, lavoir, etc.), mais surtout à la campagne : le travail aux champs, les relations familiales et sociales, les fêtes campagnardes, le déroulement du repas, etc. Car si la vie à la Cour est bien documentée, il n'en va pas de même pour la vie rurale : c'est une réalité plus difficile à saisir, même si des travaux récents permettent aujourd'hui de mieux l'appréhender et la cerner.
Toutes les descriptions, à la fois précises et concises, laissent place à l'imagination ; des odeurs, des couleurs, des émotions surgissent au fil des phrases : par exemple, le travail des lavandières est retranscrit de manière extrêmement vivante, avec une foule de petits détails très intéressants, les gestes, la position du corps, le parler d'alors, les douleurs engendrées par ce travail, les odeurs, etc. Tous les détails sont amenés de manière si fine, fluide et vivante qu'à aucun moment on est pris d'ennui, le récit est bien rythmé. Autre exemple, les relations familiales : on a longtemps pensé qu'au cours des siècles précédents les relations parents-enfants étaient dénuées d'affection, du fait notamment d'un taux de mortalité en bas âge élevé, surtout quand il s'agissait de filles, mais les dernières recherches en la matière montre que cette idée est fausse, du moins à fortement relativiser. Et, ici, l'auteur met justement en avant, de manière inattendue, une belle histoire familiale dans laquelle les liens de tendresse, d'affection et d'amour sont présents même s'ils ne sont pas toujours exprimés de vive voix ou de manière démonstrative.
Mais tout n'est pas rose dans ce roman, je pense notamment à une scène d'avortement particulièrement réaliste, au point d'en avoir le coeur au bord des lèvres, mais aussi aux dangers qui guettent les personnages, tous n'en sortiront pas indemnes... Et autant vous dire que la fin du roman laisse présager une suite, ce qui est confirmé par le texte de quatrième de couverture... et là, je n'ai qu'une hâte, découvrir la suite de cette histoire !

♜ ♜ ♜ ♜ ♜ ♜

En conclusion
Points forts :
  • Du suspense, des sentiments, de l'histoire et de l'Histoire : un dosage subtil et parfaitement réussi.
  • Choix d'une héroïne avec en contrepoids un personnage masculin permettant d'équilibrer les points de vue.
  • Une période complexe, extrêmement riche en événements, mais rendue ici accessible quel que soit le degré de connaissance du lecteur.
  • Des événements vécus au plus près par les gens du peuple : un éclairage original des faits, nous permettant de comprendre l'exaspération de la population et de saisir toute sa détresse.
  • Des descriptions enlevées, vivantes et précises laissant cependant toute sa place à l'imagination, sans assommer le lecteur de détails.
  • Une évocation très réussie de la vie rurale, si difficile à appréhender encore de nos jours.
  • Une maîtrise du récit, un bon rythme avec des pics de suspense.

Points faibles :
  • Le visuel de couverture ne me semble pas illustrer le contenu du roman, il n'en représente qu'une infime partie et ne met pas en valeur les véritables points forts du roman (cependant, je sais combien il est difficile de concevoir une couverture et de choisir le visuel…).
  • Il va me falloir attendre un peu pour le tome 2 ;-)

Merci aux éditions De Borée !

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : De Borée
Date de parution : juin 2023
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,8 cm
Pagination : 356 pages
ISBN : 978-2-8129-3865-8

Livre numérique

Éditeur : De Borée
Format : 7switch : ePub ou Mobipocket –– Amazon : Kindle –– Decitre : multiformat –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– NeoBook : ePub –– Numilog : ePub

mercredi 2 mars 2022

Les enquêtes d'Hilarion. Tome 2 : L'araignée d'Apollon

L'araignée d'Apollon
Auteur : Christophe Estrada

Texte de présentation

Versailles, février 1777. Le chevalier Hilarion de S. et son fidèle valet Pierre découvrent le château de Versailles, vaste labyrinthe où se nouent et se dénouent des alliances secrètes. Le pouvoir de Louis XVI est d'autant plus fragile que la reine n'a pas encore donné l'héritier attendu par une cour à l'affût des moindres rumeurs. Chargé par le jeune roi de retrouver une correspondance dérobée à Marie-Antoinette, des lettres qui ont servi à alimenter des libelles infamants, Hilarion bute sur le cadavre de M. de Rancy, principal suspect dans cette affaire. Quelle direction prendre alors ? Pourra-t-il compter sur son cousin, Hector de Simiane, une tête si légère ? Quel rôle la charmante Toinette, dont Pierre ne tarde pas à tomber amoureux, joue-t-elle dans cette macabre comédie ? Pourquoi ce fat de Montmort n'a-t-il de cesse de provoquer le chevalier ? Quelles sont ces ombres qui se glissent à la tombée de la nuit dans le vieux parc glacé ? Les questions s'accumulent, les morts aussi.
Cette enquête s'inscrit dans la continuité du premier roman de Christophe Estrada. Ici, l'auteur offre une visite inattendue et singulière d'un Versailles nocturne et inquiétant, avec sa population servant davantage ses propres intérêts que ceux du roi, un univers de manipulations qui entraîne le lecteur dans les couloirs de service, dans la ménagerie laissée à l'abandon, plutôt que dans les salons d'apparat où se presse une autre ménagerie avide de ragots et de bons mots.
Et sur les terrasses du château, le roi, solitaire, observe ses courtisans...

Mon avis : Assez Bien

Points forts :
  • Une description détaillé et soignée du Versailles au XVIIIe siècle (1777), à la fois des lieux et du fonctionnement de la Cour.
  • Une ambiance délétère, un peu "fin d'un monde", très bien transcrite (complots, manigances).
  • Des personnages historiques très bien restitués : le roi, ses tantes (Adélaïde, Sophie, Victoire), etc.
  • Un héros torturé par son histoire familiale.
  • Une ambiance inquiétante loin de l'image du Versailles clinquant.
  • Un roman qui explore aussi bien les salons d'apparat que les logements des serviteurs, les couloirs de service, la ménagerie laissée à l'abandon, etc. : l'autre visage de Versailles.

Points faibles :
  • Je me suis un peu mélangée dans les personnages.
  • Quelques longueurs, une intrigue qui s'étire trop.
  • Une intrigue pas suffisamment consistante pour moi, trop compliquée pour au final pas grand-chose.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Babel
Date de parution : mars 2022
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,6 cm
Pagination : 544 pages
ISBN : 978-2-3301-6344-0

Livre numérique

Éditeur : Actes Sud
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub ou PDF –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– Numilog : ePub ou PDF

jeudi 25 novembre 2021

Les enquêtes du commissaire Samuel Le Mullois. Tome 2 : Tuez l'empereur !

Tuez l'empereur !
Auteur : Laurent Nagy

Texte de présentation

En cette fin de printemps 1815, alors que la France est encore stupéfaite de l'incroyable retour de Napoléon et de la fuite de Louis XVIII, une angoisse nouvelle jaillit à l'annonce d'une guerre prochaine avec presque toutes les armées de l'Europe. Cette perspective ravive les passions politiques. À Paris, royalistes et républicains comptent précipiter la chute de l'Empereur. Un mystérieux fanatique, le baron de La Sahla, envisage même de l'assassiner...
Basée sur des faits avérés et des personnages pour l'essentiel historiques (le baron de La Sahla, la comtesse Hugo…), cette nouvelle enquête du commissaire Samuel Le Mullois, agent du ministère de la Police Générale, nous plonge dans une intrigue aussi rigoureuse que passionnante.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Lemme Edit
Date de parution : novembre 2021
Couverture : brochée
Format : 14 cm x 20 cm
Pagination : 232 pages
ISBN : 978-2-4928-1800-4

mercredi 15 septembre 2021

Femme qui court

Femme qui court
Auteur : Gérard de Cortanze

Texte de présentation

En 1910, Violette, âgée de 17 ans, est élève au couvent de l'Assomption. Encadrées par des professeures d'éducation physique anglaises, les jeunes pensionnaires y découvrent le sport. Les années passant, devenue une sportive exceptionnelle, elle enchaîne les championnats d'athlétisme, se passionne pour le cyclisme, le football, le water-polo, la boxe, la compétition automobile... Quand la guerre de 1914 survient, elle est ambulancière puis motocycliste de liaison.
Dévoreuse de femmes, assoiffée d'amour dans un corps sculpté à sa démesure, Violette, boulimique de vie, court derrière un bonheur qui lui semble inaccessible. Elle s'essaie au music-hall, au théâtre, devient l'amante de Joséphine Baker puis d'Yvonne de Bray, l'ami de Cocteau et de Marais. Mal aimée, rejetée, elle va là où on l'accepte. Quand la guerre éclate, elle prend la direction du garage Pershing réquisitionné par la Luftwaffe et pratique le marché noir.
Violette est une combattante du féminisme qui épouse les revendications des femmes inexorablement retardées par la Grande Guerre puis, dans les années trente, par la crise économique et la montée des périls.
Garçonne aux cheveux courts, en monocle et pantalon, qui n'hésite pas par provocation à pratiquer une radicale mastectomie. Fascinante, scandaleuse, Violette Morris cristallise les fantasmes et les conflits culturels dans lesquels notre époque peut se reconnaître.

Prix Historia du roman historique 2019.

🎧 Gérald de Cortanze a été invité par Stéphanie Duncan dans le cadre de son émission radio "Autant en emporte l'histoire" sur France Inter. Vous pouvez réécouter cette émission en cliquant sur ce lien : "Violette Morris, le destin tragique d’une sportive hors norme" (il est l'auteur de la fiction).

🎧 France Culture : "Le cas Violette Morris", un récit documentaire en deux parties à écouter en podcast. Ce qu'un homme fait, Violette peut le faire ! et Une femme à abattre par tous les moyens.

Mon avis : Bien

Violette Morris... ce nom a toujours évoqué pour moi les pires heures de l'Occupation, quand des Français ont commis les pires atrocités en collaborant avec l'ennemi nazi. Cette femme, figurant en couverture de ce roman, avait beau avoir croisé mon regard en librairie, m'interpellant par là même, j'étais résolue à ne pas me plonger dans l'histoire glauque de cette femme qualifiée de "hyène de la Gestapo" et accusée notamment d'avoir torturé des résistants au siège de la Gestapo, situé rue Lauriston, à Paris.

En même temps, ces destins infamants et horribles m'ont toujours intriguée : comment un être humain peut-il à un moment de sa vie basculer du côté du mal et devenir un monstre ? existe-t-il des légendes noires forgées de toutes pièces, comme il en a tant existé de par le passé, et dont Violette Morris aurait fait les frais ? Je dois avouer que je ne connaissais pas grand-chose de la vie de Violette Morris à part l'existence de cette légende noire et le fait qu'elle préférait les femmes, c'est un peu court me direz-vous pour porter un jugement sur cette femme. J'ai alors décidé de m'intéresser à ce personnage afin de me faire ma propre opinion. Je me suis d'abord prudemment approchée de ce personnage par le biais de la bande dessinée, Violette Morris, une femme à abattre – que je vous conseille –, avant de me plonger dans ce roman historique.

Enfin un roman historique sur Violette Morris !
Oui, enfin ! Ce n'est pas que j'en ai assez de Napoléon, de Marie-Antoinette ou de Louis XIV, mais j'aime quand les romanciers s'emparent de personnages historiques moins connus, moins consensuels, moins passe-partout. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'un jour l'un d'entre eux, Gérard de Cortanze en l'occurrence, s'attaque à ce personnage sulfureux et maudit.

Jusqu'à maintenant, il existait quelques biographies, citons celles de Raymond Ruffin dont les titres ne laissent planer aucun doute sur sa position (La diablesse. La véritable histoire de Violette Morris et, plus récemment, en 2004, Violette Morris, la hyène de la Gestapo) et celle de Marie-Jo Bonnet publiée en 2011 (Violette Morris, histoire d'une scandaleuse). Avec cette biographie, Marie-Jo Bonnet remet en cause les jugements un peu hâtifs, voire non documentés, de Raymond Ruffin et démonte l'exécrable portrait à charge qu'il dresse de Violette Morris, elle jette ainsi un éclairage nouveau sur cette femme. Cette biographie a fait l'objet d'une adaptation sous forme de bande dessinée dont je vous ai parlé ci-dessus. Certains n'auront de cesse de critiquer cette biographie, arguant du fait que Marie-Jo Bonnet est une féministe militante, mais ce serait oublier qu'elle est avant tout historienne. Ce débat houleux montre combien il est encore difficile de nos jours d'aborder certains sujets et il faut reconnaître à Gérard de Cortanze le mérite d'avoir consacré un roman à ce personnage qui continue de diviser aujourd'hui.

Une femme qui court...
Le titre de ce roman m'a étonnée de prime abord, ne connaissant pas la carrière de sportive de haut niveau menée par Violette Morris. Mais cette course n'est pas que physique, elle est aussi symbolique : Violette Morris a toujours vécu intensément, faisant feu de tout bois, comme si elle n'avait pas le temps, comme si elle devait toujours être en action, en mouvement, pour ne pas être confrontée à ses pires démons. Et c'est sur un rythme plutôt trépidant que Gérard de Cortanze nous invite à suivre le parcours de Violette depuis son enfance jusqu'à sa mort.
Elle avait toujours eu la robustesse insolente d'une jeune plante qui a trouvé son terrain, qui a surgi dru. Elle n'avait jamais connu l'âge merveilleux des lectures, où le monde imaginaire se découvre, où la jeunesse enveloppe de son voile magique le monde réel. Pas d'imaginaire dans sa vie, que de la réalité brute, violente, d'un bloc.

Le portrait d'une femme libre et hors du commun
Née en 1893, Violette Morris est placée en pension dès l'âge de 10 ans au couvent de l'Assomption de Huy, en Belgique. Loin des siens et en manque d'affection – un père indifférent, une mère hostile qui vit dans le souvenir de son fils Paul mort quelques années avant –, Violette développe alors une passion pour le sport, encouragée par sa professeure Miss Eliss, activité qui lui permet de canaliser son énergie, de "mettre sa violence en cage", de s'affirmer et de s'épanouir.
[...] à l'indifférence polie de ce père venait s'ajouter la franche hostilité de sa mère. De vingt ans plus jeune que son mari, Elisabeth Sakakini, dite « Betsy », ne s'était jamais remise de la mort de son petit Paul, survenue deux ans avant la naissance de Violette, à l'âge de huit mois. Ce décès prématuré, elle le faisait payer chaque jour à sa fille.
C'est aussi au pensionnat qu'elle découvre d'abord l'amitié puis l'amour, et son penchant pour les femmes, en la personne de Sarah Ponsonby, mais aussi la violence lorsqu'elle est violée par le jardinier du couvent, Octave Vandemer.
Mais rien ne peut arrêter cette sportive polyvalente, qui excelle dans toutes les disciplines qu'elle pratique : athlétisme (lancer du javelot et du disque, course à pied, etc.), natation, football, boxe, cyclisme, course automobile... Rien ne résiste à cette femme dont la devise est "Ce qu'un homme fait, Violette peut le faire." et autant vous dire que cela en énerve plus d'un !
[...] face à cette vie qui lui pesait tant, elle comprenait qu'elle ne pourrait y faire face qu'en se dépassant sans cesse, qu'en se posant des défis à l'issue toujours plus improbable. Aussi décida-t-elle d'exceller davantage encore, dans les disciplines qui étaient les siennes, mais dans d'autres aussi qu'elle découvrait et qu'elle adoptait [...]

Un portrait au vitriol de la presse et de la société
L'étude de la presse d'époque est un bon moyen d'apprécier l'état d'esprit qui régnait alors et le constat est sans appel : à la lecture des quelques extraits d'articles consacrés aux exploits sportifs de Violette Morris et reproduits par Gérard de Cortanze, on en ressort éberlués, avec un sentiment de dégoût, de honte et de nausée. Considérée comme un monstre, méprisée, traînée dans la boue, on y parle davantage de ses extravagances, de sa sexualité et de son physique hors norme que de ses exploits sportifs. En voici quelques extraits :
"Comment expliquer à ces « sportives » que les hommes préfèrent avoir affaire à des êtes fragiles, si joliment surnommés « femmes-poupées », plutôt qu'à des blocs de muscles inesthétiques ?" écrivit Le Miroir des sports. Quant à La Vie au grand air, elle n'hésitait pas à demander : "Pourquoi des femmes « s'hommassient »-elles à ce point ? Pourquoi se musclent-elles, se déforment-elles, s'enlaidissent-elles à ce point ?" La palme revient au Sport universel illustré qui n'hésita pas à conclure son article par ces mots : "La femme est faite pour garder sa maison et élever ses enfants ! Restez femmes, mesdames, quel besoin d'enfourcher une bicyclette ou de chausser des gants de boxe !"
Le grand reproche adressé au sport féminin était qu'il tournait à l'exhibitionnisme, pour preuve le succès, bien que relatif, de certaines réunions : ce n'était pas la valeur sportive des concurrentes qui y était mise en valeur, mais des corps à moitié dévêtus, offerts à l'indécence des regards. Des attaques physiques, on passait à des considérations morales : le sport éloigne la femme de ses devoirs naturels, lui enlève le goût du mariage et plus spécialement de l'instinct de maternité.
[...] l'article qui l'accompagnait était sans appel : "Le sport féminin effraie bien des milieux : pourquoi ? Parce que à côté des milliers de jeunes sportives qui doivent à des activités raisonnables une santé robuste et des maternités faciles, il est un arbre qui cache la paisible forêt. Il a pour nom : Violette Morris. Non pas une « originale à l'allure d'homme », comme la décrivent certains de nos confrères, mais un danger public, un être violent, brutal, inesthétique."

Quant à la société française, elle n'est pas prête à accepter l'existence d'une femme aux cheveux courts et aux habits d'homme, qui fume et qui préfère les femmes. Violette Morris fait tâche dans la société patriarcale du début du XXe siècle, et son ablation des seins ne fait qu'accentuer l'incompréhension entre Violette et ses contemporains, cette opération étant pour eux le summum de la monstruosité.
Arrivée première, elle fut disqualifiée sur plainte déposée par un coureur qui l'accusait d'avoir eu un comportement dangereux pendant la course, "typique de l'hésitation féminine, un coup à droite, un coup à gauche, elles ne savent pas ce qu'elle veulent."
Quoique le XXe siècle fût bien installé dans son premier quart et que le clergé ne refusât plus les sacrements à toute dame vêtue en cycliste, comme il l'avait proclamé au siècle dernier, on trouvait encre des gens pour estimer que les vélocipédistes femelles étaient "rares, laides et ridicules" ou pour fustiger le sport féminin considéré comme une mascarade abjecte, un spectacle grotesque, une exhibition malsaine, une pantalonnade provocatrice !
Comment Violette Morris a-t-elle pu supporter un tel acharnement et de telles attaques personnelles durant autant d'années ? Son physique, sa manière de vivre, son comportement... Traquée en permanence comme du gibier par des chasseurs, les journalistes n'attendant qu'un faux pas pour s'acharner sur elle, Violette résiste pourtant et ne cède à aucune pression, calomnie ou perfidie.

Une femme en avance sur son temps ?
Alors que la Coupe du monde féminine de football 2019 vient de s'achever, j'ai souvent pensé à Violette Morris durant ces quelques semaines, à la joie qu'elle aurait ressentie de voir ces femmes jouer au football en toute liberté, encouragées par toutes ces femmes, tous ces hommes et tous ces enfants, sans avoir à subir de remarques désobligeantes. Certains, dans la presse ou le public, n'ont certes pas pu s'empêcher de tenir des propos sexistes, mais qu'ils semblent aujourd'hui ridicules et d'un autre temps ! De là à dire que Violette Morris est née quelques années trop tôt, il n'y a qu'un pas... que je ne franchirai pas. Le statut des femmes évolue dans le bon sens mais si lentement... je ne suis pas sûre que Violette Morris serait beaucoup plus heureuse de vivre aujourd'hui dans notre société rongée de manière pernicieuse par l'intolérance et la violence (remarques sexistes, gestes déplacés, féminicides, agressions homophobes, différences de salaires entre hommes et femmes, etc.). Le combat est loin d'être gagné... Alors Violette Morris était une femme en avance sur son temps mais même sur le nôtre !

Dans mon esprit, le XIXe siècle était l'une des pires périodes en matière de condition féminine, mais je me suis aperçue que le début du XXe siècle n'était pas en reste ! Certes les femmes ont participé à l'effort de guerre au cours de la Première Guerre mondiale – Violette a été ambulancière puis messagère motocycliste –, mais le rôle des femmes est de rester au foyer, d'enfanter, d'élever les enfants et de s'occuper de leur mari, point barre. Manifestation de la force et de la virilité de l'homme, la pratique d'un sport peut être envisagée s'il permet d'améliorer l'état physique de la femme, promesse de futures naissances d'enfants en bonne santé. Et, là, qu'avons-nous ? Une femme qui multiplie les exploits sportifs dans des disciplines habituellement réservées aux hommes, battant même les hommes sur leur propre terrain, quel scandale, notamment pour Pierre de Coubertin qui a refusé la participation des femmes aux premiers Jeux olympiques organisés à Paris en 1900 !
Pourtant, elle se plie un temps aux bonnes moeurs en épousant Cyprien Gouraud, qu'elle rencontre lors d'un bal mais dont elle divorce rapidement pour se mettre en couple avec son amie d'enfance, Sarah.
Dès la signature de la paix les suffragistes avaient à juste titre espéré que leur civisme serait récompensé, aussi avaient-elles repris leur campagne avec enthousiasme et raisonnable espoir. Après tout, depuis longtemps, les Norvégiennes, les Danoises, les Anglaises, les Russes, jusqu'aux Néo-Zélandaises, avaient obtenu le droit de vote. Plus récemment les Luxembourgeoises, les Suédoises, les Belges, les Américaines avaient rejoint la cohorte des votantes. La France victorieuse était toujours à la traîne, réservant à ses filles, si copieusement louangées pendant les années terribles, une place peu enviable.

La descente aux enfers
Malgré ses victoires – elle est l'une des sportives françaises les plus titrées, détenant même des records nationaux et mondiaux –, elle est exclue de la Fédération française sportive féminine en 1930, accusée d'être agressive, bagarreuse et de profiter de la promiscuité des vestiaires pour "peloter" ses concurrentes. Cette radiation, qui l'empêche désormais de participer à la moindre épreuve sportive, l'affecte profondément. Le sport à haut niveau était pour elle comme un exutoire, lui permettant de canaliser sa violence et ses émotions. À partir de cette date, le parcours de Violette devient plus erratique, plus sinueux, plus difficile à suivre, comme si elle avait perdu sa principale raison de vivre et ne savait quelle voie prendre. Parallèlement, commence un lent et insidieux processus d'autodestruction : Violette se néglige, Violette boit, Violette fume de plus en plus, Violette prend beaucoup de poids...

Séparée de Sarah, elle se met à fréquenter les soirées mondaines au cours desquelles elle sympathise avec les personnalités de l'époque et, là encore, j'ai découvert une facette de son histoire dont j'ignorais tout : Joséphine Baker, avec laquelle elle entretient une courte relation amoureuse, Yvonne de Bray, qui sera également sa maîtresse, Jean Cocteau et Jean Marais, ces trois derniers vivront même quelque temps avec elle sur sa péniche amarrée en bord de Seine. D'ailleurs, Cocteau s'inspira de la relation conflictuelle entre les deux amantes pour écrire sa pièce Les Monstres sacrés. Elle s'essaie alors brièvement à la chanson et au théâtre, mais sa passion demeure avant tout la course automobile.

La question qui fâche : Violette a-t-elle collaboré de son plein gré ?
Jusqu'à maintenant, quels que soient les coups du sort, Violette parvenait toujours à retomber sur ses pieds. Mais c'est sans compter sur son ange noir, son ancienne amante, la sportive allemande Greta Fassbinder, qui réapparaît dans sa vie et parvient à la convaincre de se rendre à Berlin pour assister comme invitée d'honneur aux Jeux olympiques de 1936 : la France la considère comme un monstre, qu'à cela ne tienne, elle est accueillie à bras ouverts en Allemagne ! Et la presse française se fait l'écho de son voyage en Allemagne, la faisant passer pour une traîtresse... Violette est alors prise dans un engrenage infernal dont les Nazis entendent bien profiter le moment venu.
Pourquoi avait-elle accepté de venir ? Quelle imbécile ! Ce voyage était un piège. On l'avait utilisée. Et elle n'avait rien vu, rien compris, rien senti. Quelle mascarade que cette grande messe servie par tous ces officiants en uniformes S.S., ces bataillons de S.A. et des Jeunesses hitlériennes ! Elle était française, et la presse allemande n'avait cessé de faire passer les athlètes français pour des paresseux, des laxistes, des décadents. "Les humiliant, c'est moi qu'on humilie", pensa Violette, qui pensa aussi, sans savoir pourquoi, mais le sentant presque physiquement, que la guerre allait éclater.
Comme toujours lorsqu'il s'agit de prendre une décision dont on sait qu'elle va bouleverser sa vie, l'être humain hésite. Chez certains, l'hésitation est si forte qu'elle conduit au renoncement alors que chez d'autres, au contraire, elle précipite leur décision et ceux-ci se jettent, sans remords, comme ils l'eussent fait en se jetant dans les flammes d'un immense brasier.

À la déclaration de la guerre, prise à la gorge par des dettes et le chantage qu'exercent les Nazis sur elle (moeurs sexuelles, casier judiciaire, amitié avec Sarah qui est juive, volonté de continuer la course automobile, etc.), elle accepte de collaborer avec les Nazis en prenant la direction d'un garage automobile parisien réquisitionné par la Luftwaffe.
Les garages sont des lieux de confidences, de fuites, des choses s'y disent. Approvisionnement, essence, pièces détachées, marché noir. On parle beaucoup dans les garages. Il suffit d'écouter, d'ouvrir grand ses oreilles...

Les années qui suivent sont peu décrites, on voit Violette participer au marché noir en faisant des allers-retours entre Paris et la Normandie, transportant de la marchandise et de la nourriture destinées aux Allemands. C'est au cours d'un séjour en Normandie qu'elle fait la connaissance d'Annette, sa dernière passion amoureuse, qu'elle comptait retrouver à son retour de Paris pour fuir en Espagne et retrouver son ami le navigateur Alain Gerbault. Mais elle est abattue par des résistants le 26 avril 1944 alors qu'elle conduisait le couple Badreuil, des charcutiers collaborateurs, et leurs deux fils à Paris... mais ce n'était pas elle que visaient les résistants, mais Alain Boulin, cabaretier, adjoint au maire de Cabourg et collaborationniste très actif qui aurait dû être au volant, à sa place… Les cinq corps empilés les uns sur les autres furent retrouvés le 12 mai 1945 dans une ancienne mare à proximité du lieu de l'assassinat...

Il est difficile de se faire une opinion sur cette partie essentielle de la vie de Violette et qui n'est que survolée dans ce roman. Gérard de Contanze a préféré se concentrer sur sa jeunesse et ses années de sportive, éclairant par là même certaines zones d'ombre et permettant de mieux comprendre cette personnalité complexe. Une partie certes intéressante mais parfois un peu trop détaillée pour moi qui n'aime pas particulièrement le sport – j'ai un peu survolé les énumérations des titres remportés même si cela est important –, mais je m'attendais à ce qu'il détaille davantage les actions de Violette durant la Première Guerre mondiale et surtout la Seconde Guerre mondiale car c'est là que résident les plus grosses interrogations et polémiques. Absence de documentation, absence de faits avérés ? Gérard de Cortanze a choisi de ne réserver qu'une centaine de pages à cette époque cruciale dans la vie de Violette Morris, suivant la piste explorée par Marie-Jo Bonnet, celle d'une Violette Morris entraînée bien malgré elle dans la collaboration, piégée par les Nazis.
Vu son caractère pugnace et sa capacité à tenir tête à la presse et à tous ceux qui la critiquaient, j'avoue avoir un peu de mal à admettre qu'elle ait préféré collaboré plutôt que de prendre la fuite pour rejoindre la Résistance, à moins qu'elle n'ait été une opportuniste. Ou bien son ressentiment à l'égard de la France était-il si fort pour qu'elle ait pris fait et cause pour l'Allemagne nazie ? Ou a-t-elle manqué de recul à une période de sa vie où elle perdait pied, le retour à la réalité arrivant trop tard ?

Quant à son assassinat, Gérard de Cortanze expose les deux hypothèses possibles : la première met en cause la Gestapo qui souhaitait se débarrasser de Violette, devenue un témoin gênant, et qui aurait induit en erreur les résistants par le biais d'Alain Boulin, lequel leur aurait croire qu'il serait le conducteur de la voiture ; dans la seconde hypothèse, c'est Alain Boulin lui-même, informé qu'il était la cible du maquis normand, qui aurait envoyé Violette se faire tuer à sa place. Quoi qu'il en soit, il en ressort qu'aucun ordre venant de Londres n'a été donné pour tuer Violette Morris : ce n'était pas elle qui était visée, mais Alain Boulin. Toutefois, au lendemain de la guerre, la priorité était de rétablir l'ordre et de réconcilier les Français. Les journaux parlent alors "de la chute d'une femme, ancienne sportive aux seins coupés, qui avait trouvé dans la collaboration un moyen unique de donner libre cours à ses instincts sanguinaires et mauvais", voire la font passer tantôt pour un agent double, tantôt pour une sadique qui « aimait torturer dans les locaux de la Gestapo "avec une cravache et un briquet", tantôt pour la maîtresse du S.S. Standartenführer Helmut Knochen et de Carl Oberg, le chef supérieur de la S.S. et de la police en France ! La légende noire est en marche...
Pourquoi la fascination, en temps de guerre, bien réelle tout de même pour une femme hors norme, a pu ainsi se transformer, une fois la paix revenue, en haine ? [...] quelque chose de terrible avait dû se passer dans son pays, la France, pour qu'elle accepte avec autant de facilité la thèse de la gestapiste tortionnaire.

L'impossibilité de distinguer la réalité de la fiction...
Une fois ma lecture terminée, je me suis retrouvée avec de nombreuses questions : Sarah Ponsonby a-t-elle existé ? Violette a-t-elle été violée par le jardinier du couvent ?... J'espérais trouver en fin d'ouvrage une note de l'auteur permettant de savoir ce qui relevait de la réalité ou de la fiction, mais rien de tel.
Dans ce type de roman (roman biographique) et surtout avec ce type de personnage complexe, une préface ou une postface explicative me semble indispensable. En écoutant la fiction qui a été consacrée à Violette Morris sur France Inter et écrite par Gérard de Cortanze, j'ai alors appris que le personnage de Sarah Ponsonby n'existait pas ! Cela m'a beaucoup troublée, car ce personnage est au centre de la vie de Violette dans ce roman et il est même impliqué dans le chantage qu'exercent les Nazis à l'encontre de Violette. Alors, que penser ?

Ainsi, ce roman ne m'a pas permis de me faire une opinion tranchée sur Violette Morris, c'est pour cela que j'ai très envie d'approfondir la question en lisant la biographie de Marie-Jo Bonnet. Une chose est sûre : Violette Morris était un sacré personnage, une femme libre, indépendante, dotée d'un fort caractère et d'un physique hors norme, parfois insolente et provocante, toutes choses que la société française d'alors ne pouvait accepter. Mais derrière ce portrait tout en force et en énergie se cache une blessure, celle de ne pas avoir été aimée par ses parents, celle d'avoir été rejetée par la société française… Certes elle a collaboré, mais il n'existe aucun document prouvant son implication dans des séances de torture rue Lauriston ou un quelconque zèle en matière de collaboration ; j'ai la sensation qu'elle a profité de la situation sans se poser de questions. Même s'il est difficile de se débarrasser de l'image de "hyène de la Gestapo" qui lui colle à la peau tant elle est ancrée depuis de nombreuses années dans notre imaginaire, je retiens de ce roman le beau portrait d'une femme libre et d'une grande sportive, très en avance sur son temps, et celui d'une société corsetée et misogyne, très violente à l'égard de celles et ceux qui prétendent vivre autrement. En tout cas, grâce à ce roman, Violette Morris est enfin sortie de l'ombre...
Violette, qui avait tant gêné quand elle était en vie, semblait gêner davantage encore une fois morte. Sa disparition posait tellement de questions sans réponses. Pourquoi s'était-elle crue mieux reconnue dans son identité de femme libre par le régime de Vichy, voire par l'Allemagne des Jeux de Berlin que par la République française ? Pourquoi, elle qui incarnait des valeurs en tous points opposées à l'idéologie fasciste et au dogme pétainiste de la femme au foyer, de la rigueur morale, de la natalité, avait-elle pu circuler en pleine liberté dans un pays opprimant les femmes ?

♜ ♜ ♜ ♜ ♜ ♜

En conclusion
Points forts :
  • Enfin un roman historique sur Violette Morris !
  • Une très bonne restitution de la condition féminine au début du XXe siècle.
  • Les extraits édifiants tirés d'articles de presse de l'époque.
  • La présence de personnages réels : Jean Marais, Jean Cocteau, Joséphine Baker, Yvonne de Bray.
  • Un roman qui permet d'explorer l'histoire du sport, l'histoire de la condition féminine et l'histoire tout court.

Points faibles :
  • L'absence d'une préface ou d'une postface indiquant ce qui relève de la réalité ou de la fiction.
  • L'absence d'un dossier documenté : biographie, contexte historique, faits avérés, construction de sa légende noire...
  • Un roman qui se concentre sur la jeunesse et la carrière sportive de Violette Morris au détriment de son rôle durant la Seconde Guerre mondiale.
  • Des passages un peu longs avec des énumérations de titres remportés.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Le Livre de poche
Date de parution : septembre 2021
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 18 cm
Pagination : 480 pages
ISBN : 978-2-2530-7747-3

Livre numérique

Éditeur : Albin Michel
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– Numilog : ePub

Les dents noires. Tome 1 : La colline aux corbeaux

La colline aux corbeaux
Auteurs : Heliane Bernard, Christian-Alexandre Faure

Texte de présentation

12 juillet 1515. Dioneo, apprenti imprimeur de 15 ans, assiste à l'Entrée Royale du nouveau roi François Ier à Lyon, ville frontière du Royaume de France. Témoin et héros inconscient et provocateur d'un incident banal, il ne peut deviner que cette journée va sceller son destin.
La Colline aux corbeaux, premier volet des "Dents noires", est un roman librement inspiré de l'Histoire de l’imprimerie entre Lyon et Venise au début du XVIe siècle. Il relate les amours et le destin tragique d'un jeune homme, né pauvre, qui se révèle fou de savoirs, d'aventures et de liberté, et dont l'ascension fulgurante va se trouver broyée, par la rumeur qui enflamme les esprits et l'intolérance religieuse qui déchire son temps.
Un roman initiatique, véritable thriller machiavélique qui nous fait arpenter les rues et les secrets de deux grandes villes de la Renaissance, dans un temps où l'imprimerie, technologie révolutionnaire, joue un rôle majeur, bouleversant les valeurs et les mentalités. Un roman historique qui fait écho aux interrogations et débats actuels, et qui n'est pas sans évoquer notre époque en pleine mutation.

En complément

  • Lire un extrait de ce roman.
  • Interview des auteurs par le journal Var-Matin (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :

Mon avis : Bien


Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : J'ai lu
Date de parution : septembre 2021
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,8 cm
Pagination : 554 pages
ISBN : 978-2-2903-5854-2

mercredi 1 septembre 2021

Le dernier tribun

Le dernier tribun
Auteur : Gilles Martin-Chauffier

Texte de présentation

Nous sommes à Rome, juste à l'heure où elle va dominer le monde, au temps de César.
C'est la capitale du monde, une ville immense et monstrueuse où s'observent et se haïssent Crassus, Cicéron, Catulle, Pompée, César ou Caton.
Spartacus vient d'être tué, Cléopâtre est en ville, l'ambition et la violence sont en ménage, l'art et le sexe s'entendent comme la vis et l'écrou.
Tous les vices qui rendent la vie irrésistible s'épanouissent quand les vertus qui la rendent pénible s'évanouissent.
Cicéron a fait de la morale son fonds de commerce, se présentant comme la voix du peuple alors qu'il est un défenseur acharné du Sénat et des intérêts de l'aristocratie.
Publius Claudius Pulcher, héritier de la famille la plus noble de Rome, se fait adopter par un esclave, change son nom en Clodius, se fait élire tribun de la plèbe et chasse Cicéron de Rome.
Cicéron prend le parti de Pompée, Clodius celui de César. La guerre entre eux dura dix ans et la République n'y survécut pas.
Leur lutte est racontée ici par un philosophe grec, Metaxas, l'ami le plus brillant et le plus sarcastique de Clodius qui le fait venir d'Athènes à Rome pour lui écrire les discours qui lui permettront d'affronter Cicéron à armes égales dans des joutes oratoires où il oppose la démocratie réelle de Clodius à la démocratie formelle de son adversaire.
Metaxas tombe sous le charme de cette ville merveilleuse, accueillante, féminine et effrayante. Puis il va découvrir le sort des capitales qui règnent sur le monde : quand elles n'ont plus d'ennemis étrangers à leur mesure, elles se suicident.
Voici ses Mémoires, qui racontent la chute de la République romaine et la mort de Cicéron.

En complément


Mon avis : Excellent !

Par Jupiter, bonne pioche ! Je manifeste mon étonnement car les bons romans consacrés à l'Antiquité sont rares... Ne connaissant pas l'auteur, j'ai pris ce roman sans trop me faire d'illusions, mais j'avais tellement envie de me plonger dans l'histoire de la Rome antique que j'étais prête à prendre le risque d'être déçue. Un risque d'autant plus élevé que ce roman se déroule non pas sous l'Empire romain, période privilégiée des romanciers, mais à la fin de la République romaine, au Ier siècle avant J.-C. C'est bien moins glamour... mais tellement passionnant !
Le peuple ne déteste pas l'injustice. Il la sait inévitable. Ce qu'il ne supporte pas, c'est le mépris des élites qui se réservent tous les privilèges mais prétendent en plus incarner la vertu républicaine.
À travers le point de vue du philosophe grec Metaxas (personnage fictif), vous allez découvrir comment les plus hauts personnages politiques de cette époque se sont affrontés, verbalement le plus souvent, mais parfois physiquement, pour prendre le pouvoir. Vous y croiserez notamment César (bon, lui, il sort de scène rapidement...), Crassus, Pompée, Marc-Antoine, Octave... Mais ces hommes ne seraient rien sans leurs plumes ! Face à Cicéron qui a pris le parti de Pompée, Clodius fait appel à Metaxas, et ces deux hommes vont se combattre au cours de joutes oratoires mémorables ! Vous ne voyez là que des noms d'hommes ? Que nenni, les femmes sont également bien présentes : Fulvia, épouse de Clodius, Clodia, soeur de Clodius, Diana Metella (personnage fictif), tante de Clodius, pour ne citer qu'elles et autant vous dire qu'elles ne sont pas des potiches, bien au contraire !
Comparer Cicéron à Platon, Diogène, Héraclite ou Pythagore, c'est observer une goutte d'eau à côté d'une perle. Il s'est contenté de les relire, de cocher leurs meilleures formules et de les paraphraser. Un vrai travail d'usurier et, à l'arrivée, un recueil de pensées passe-partout qui hisse l'idéal humain au niveau d'une sagesse de vieille dame : ne rien désirer outre-mesure, trouver les ressources en soi, ne pas dépendre des autres, ne pas faire à autrui ce que vous souhaitez qu'on ne vous fasse pas...
Sans s'en rendre compte, on apprend énormément de choses sur la vie quotidienne des Romains, leurs mentalités, leurs préoccupations, l'architecture, etc., et donc sur l'histoire de la fin de la République. J'avais une vision purement universitaire de cette histoire, la découvrir sous forme romancée m'a permis de lui donner chair et du volume. D'ailleurs, la narration par le biais du "je", c'est-à-dire par le biais du héros de ce roman, donne au récit un côté vivant et permet une immersion immédiate dans l'univers de la Rome antique, tout prend vie sous sa parole.

Et bien que l'on connaisse la fin de l'histoire, Gilles Martin-Chauffier parvient à mettre en place un certain suspense et à le maintenir jusqu'à la fin du roman, notamment grâce à un style alerte (et parfois incisif que j'ai vraiment apprécié, montrant à quel point l'auteur maîtrise son sujet) et à une habile mise en scène des rebondissements, annonciateurs de la chute de la République.
Personne n'a assassiné la République, elle s'est suicidée. De Catalina à César et de Publius à Marc-Antoine, Cicéron peut bien avoir désigné cent fois ses meurtriers au Sénat, c'est son poignard à lui qu'elle s'est enfoncé dansle coeur. Une fois débarrassé de Marius, Sylla avait dit qu'un roi valait mieux qu'une mauvaise loi. Jamais Cicéron ne voulut l'admettre et il refusa jusqu'au bout de réformer un État injuste. Il préférait la guerre civile à l'amendement des institutions. Pompée fut son premier glaive, Octave le second.
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En conclusion
Points forts :
  • La période traitée : la fin de la République romaine.
  • Un contexte historique retranscrit sans aucune lourdeur.
  • Un angle original, celui des orateurs avec de belles joutes verbales.
  • La découverte de Cicéron sous un autre jour (Cicéron a fait l'objet de plusieurs romans de Robert Harris).
  • Un style alerte et parfois incisif, manié avec une grande finesse.

Points faibles :
  • Malgré ses 336 pages, le roman m'a semblé court !
  • J'aurais aimé que l'auteur rentre davantage dans le détail, j'ai parfois eu la sensation qu'il survolait certains événements, les réactions ou les sentiments de certains personnages (mais cela aurait peut-être rendu l'ensemble peu digeste ?).

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Grasset
Date de parution : septembre 2021
Couverture : brochée
Format : 14,5 cm x 20,5 cm
Pagination : 336 pages
ISBN : 978-2-2468-2868-6

Livre numérique

Éditeur : Grasset
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– Numilog : ePub

mercredi 2 juin 2021

Les lys pourpres

Les lys pourpres
Autrice : Karin Hann

Texte de présentation

1538. François Ier règne sur une cour fastueuse, influencé par sa maîtresse, la duchesse d'Étampes. Arrivée d'Italie, la jeune Catherine de Médicis a épousé Henri, deuxième fils du roi, mais devient, au décès prématuré de son beau-frère, dauphine de France. Intelligente et cultivée, elle comprend que son époux est fou amoureux de Diane de Poitiers, de vingt ans son aînée, détestée de la favorite. Les affrontements entre ces deux rivales ont des répercussions politiques considérables et allument les premiers bûchers des guerres de religion. Aidée d'Oriane de Vaudricourt, laquelle renferme un secret, Catherine, dont la position est fragilisée parce qu'elle n'enfante pas, devient l'enjeu de cette lutte effroyable et doit oeuvrer sans relâche à déjouer complots et trahisons.
Éclairage inédit de cette femme hors du commun, attachante et étonnamment moderne, dans un XVIe siècle sensuel et envoûtant.

En complément


Mon avis : Assez Bien

Bien que terni à partir de 1562 par les guerres de religion, le XVIe siècle est bien le siècle de la Renaissance en France.
En cette première moitié du XVIe siècle, la France est un royaume apaisé, prospère, solidement administré, sur lequel règnent d'abord François Ier puis son fils Henri II. Mais ces deux rois ont un point faible : les femmes. Et c'est au sein même de cette Cour florissante et fastueuse que s'affrontent les favorites de François Ier et d'Henri II, Anne de Pisseleu et Diane de Poitiers, sous le regard de la jeune dauphine, Catherine de Médicis.

Une structure limpide et très agréable
Découpé en courts chapitres chronologiques et géographiques bien rythmés, ce roman suit les mouvements de la Cour, alors très mobile, évoluant de château en château en fonction des saisons et des impératifs politiques (Fontainebleau, Saint-Germain-en-Laye, Paris, Amboise, Chambord, Blois, Rambouillet, etc.). Cette structure permet au lecteur de choisir aisément par lui-même son rythme de lecture sans jamais se perdre.
Par ailleurs, le style est fluide, clair et agréable. Le récit ne comporte pas de longueurs et alterne de nombreux dialogues et quelques passages narratifs, rendant le roman très vivant. Petit plus, certains dialogues sont de temps en temps marqués d'un astérisque indiquant que le dialogue est réel et a bien été prononcé par le personnage en question.

L'histoire de France vue par le trou de la serrure
Le terme "trou de la serrure" pourrait être considéré comme péjoratif, mais il ne l'est vraiment pas dans le cas présent.
Tout en se basant sur une documentation sérieuse (dont la riche bibliographie proposée en fin d'ouvrage est un témoignage), l'auteur a pris le parti de nous raconter non pas l'histoire de France au XVIe siècle mais l'histoire de la Cour, un microcosme, vue au plus près par un narrateur omniscient au courant de toutes les pensées et sentiments des différents protagonistes. Se concentrant prioritairement sur les personnages, l'auteur n'en oublie pas de restituer à grands traits le contexte historique, mais celui-ci reste toutefois beaucoup trop au second plan à mon goût. Les événements historiques ne sont mentionnés que par des notes de bas de page. Certes, ce roman nous épargne ainsi la lourdeur de l'évocation des faits historiques et nous permet d'entrer facilement dans l'intimité des personnages, mais le récit en devient trop léger, pas suffisamment assis sur des bases historiques. Les personnages semblent évoluer en dehors de tout environnement réel ou historique. Aussi, ces notes de bas de page sont-elles un complément vraiment indispensable dans l'acquisition de quelques repères chronologiques ou de connaissances sur cette période. Cependant, certaines informations me semblent parfois amenées avec trop d'assurance : ainsi en va-t-il pour la note concernant la destinée de Françoise de Foix, dont on ignore véritablement la fin.

Des femmes au caractère bien affirmé en plein XVIe siècle
Anne de Pisseleu et Diane de Poitiers sont certes les maîtresses respectives de François Ier et d'Henri II, mais elles n'entendent pas se cantonner à ce rôle de favorite. Ces deux femmes cristallisent les premières oppositions religieuses avec deux clans qui se forment chacun autour d'elles, puisque Anne de Pisseleu défend les réformés tandis que Diane de Poitiers embrasse la cause des catholiques. Et cela, ni François Ier, ni Henri II n'en ont tenu compte. Préférant guerroyer ou festoyer, ils ont totalement sous-estimé la question religieuse ; plus grave, leurs maîtresses se sont servies de cette division religieuse naissante pour servir leurs propres intérêts. Et elles n'ont fait qu'envenimer le conflit qui opposait le roi à son fils, dans une relation déjà compliquée.

Amours, trahison, victoires, défaites... ces femmes oeuvrent dans l'ombre et n'ont pas le droit à l'erreur. Leur quotidien est fait de petites luttes qui semblent bien ridicules quand on songe à l'Histoire, mais qui sont appréciables et croustillantes dans le cadre d'un roman, surtout quand survient la jeune et inexpérimentée Catherine de Médicis. Tous les ingrédients d'une intrigue romanesque sont là : François Ier a pour favorite Anne de Pisseleu. Henri, le dauphin, a épousé Catherine de Médicis, une jeune femme pas très jolie et incapable de lui donner un enfant. De toute façon, il avait déjà le béguin pour Diane de Poitiers, de vingt ans son aînée. François Ier et Henri II ne s'entendent pas, le second reprochant au premier ce que lui-même fait mais en pire, puisque François Ier a toujours pris soin d'épargner à la reine Éléonore toute humiliation. Anne de Pisseleu et Diane de Poitiers se haïssent ; quant à Catherine de Médicis ses jours à la Cour sont comptés... Bref, c'est Dallas à la Cour de France !

Un portrait dépoussiéré de Catherine de Médicis
La personnalité de Catherine de Médicis est difficile à saisir parce qu'une légende noire est depuis toujours associée à son image, véhiculée par les historiens, l'école et les romanciers (notamment Alexandre Dumas et Michel Zévaco). Ce n'est véritablement que depuis la fin du XXe siècle que Catherine de Médicis a été réhabilitée, mais sa mauvaise réputation lui reste collée à la peau : étrangère à la Cour de France, elle a longtemps été considérée comme une femme machiavélique, dominatrice, arriviste, acariâtre, jalouse, etc. Ainsi, alors que je visitais le studiolo de Catherine de Médicis au château de Blois dans les années 1980, je me souviens que le guide nous avait raconté que Catherine de Médicis y dissimulait des poisons dans des placards à mécanisme secret. En réalité, ces placards servaient à exposer des oeuvres d'art et des livres précieux !

Ce roman nous fait découvrir une jeune Catherine de Médicis, qui vient d'arriver à la Cour de France. Si son beau-père, François Ier, l'apprécie beaucoup pour sa vivacité d'esprit et son intelligence, il n'en va pas de même pour le jeune Henri qui n'a d'yeux que pour Diane de Poitiers. Issue d'une famille célèbre de Florence, Catherine de Médicis ne joue d'abord aucun rôle, mais tout change le jour où le dauphin meurt. Devenue dauphine, elle est ensuite méprisée par la Cour et négligée par Henri II car elle ne parvient pas à enfanter. Durant des années, Catherine va souffrir en silence, humble, subissant affronts et humiliations – Henri II considère Diane de Poitiers comme une seconde reine, initiales entrelacées H et D, Diane de Poitiers n'hésite pas à se mêler de ce qui ne la regarde pas, (notamment les relations intimes entre Catherine de Médicis et Henri II), etc. –, fragilisée dans son statut, puisque impuissante à donner un héritier à la couronne.

Pourtant, même à la mort d'Henri II, Catherine de Médicis reste digne et ne se venge pas de Diane de Poitiers : si elle lui retire le domaine de Chenonceaux, elle lui octroie le château de Chaumont. Geste élégant de sa part ou calcul politique pour ne pas s'aliéner le clan des Guises ? Mystère, mais il est patent que Catherine de Médicis est une femme cultivée, intelligente, diplomate, rusée, courageuse ; elle est dotée d'un sens politique hors du commun, c'est une véritable stratège qui sait dissimuler son talent et ses capacités d'analyse pour se fondre dans un entourage qu'elle sait hostile. En témoigne son comportement lors de la mort d'Henri II : loin de se laisser abattre par le chagrin, elle fait face, ruse et défait la famille des Guises qui convoite le pouvoir. Elle parvient à être consensuelle, ménageant les susceptibilités des uns et des autres, afin de ne jamais susciter trop d'inimitié. Certes, elle n'est pas parvenue à empêcher les tueries des guerres de religion, mais elle a toujours oeuvré en faveur de l'affermissement du pouvoir royal et de la paix en tentant de réconcilier les clans rivaux des catholiques et des réformés.
Le portrait dressé de Catherine de Médicis dans ce roman est vraiment émouvant car débarrassé de tous ces poncifs, de tous ces mensonges transmis de siècle en siècle. Il redonne dignité, honneur et prestige à un personnage historique trop longtemps dénigré, détesté et méprisé. Un portrait inédit de Catherine de Médicis qui oeuvra toute sa vie pour la paix, soucieuse de l'autorité monarchique.

Une trame romanesque minime face au sujet principal
L'histoire romanesque de tous ces personnages historiques est si forte que la trame romanesque imaginaire entre Oriane de Vaudricourt et Marc de Saint-Herray en devient accessoire, mais ces deux personnages jouent un rôle clé dans ce roman puisqu'ils ont chacun un pied dans un clan et ce positionnement permet à l'auteur de naviguer d'un clan à l'autre de manière fluide. Mais l'on prend tout de même plaisir à suivre leur relation assez compliquée !

Des annexes précieuses
Outre la riche bibliographie dont j'ai déjà fait mention, une note de l'auteur à la fin de l'ouvrage apporte des précisions historiques sur le récit et sur le futur destin de Catherine de Médicis à la mort de son mari. Peut-être que cela fera l'objet d'un prochain roman, d'une suite ? En tout cas, on découvre plein de petites informations, par exemple que la rivalité entre Anne de Pisseleu et Diane de Poitiers est née d'un "concours de beauté" organisé dans le cadre des festivités organisées pour le mariage de François Ier et auquel les deux femmes sont arrivées à égalité alors qu'au moins huit ans les séparent.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Éditions du Rocher
Date de parution : juin 2021
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,8 cm
Pagination : 464 pages
ISBN : 978-2-2681-0552-9

Livre numérique

Éditeur : Éditions du Rocher
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub ou PDF –– ePagine : ePub –– Fnac : ePub –– Numilog : ePub ou PDF