Origine et localisation
Cette crypte romane, qui n'a jamais accueilli de reliques, est le seul vestige subsistant de la cathédrale du XIe siècle, qui fut détruite par un incendie en 1023. Elle est située exactement sous le choeur gothique de la cathédrale reconstruite après l'incendie.L'entrée de la crypte, qui se faisait à l'ouest par des escaliers depuis la nef, a été altérée et se fait actuellement depuis l'extérieur au sud du choeur. Avec ses deux voûtes d'ogives, elle date du XIIIe siècle.
L'architecture générale
De par l'ampleur, la qualité et la parfaite articulation de sa construction, cette crypte est l'un des plus beaux témoins de l'art roman de la première moitié du XIe siècle.Construite de 1023 à 1035 en grand appareil – et non plus en petits moellons –, assurant par là même la stabilité de la construction, la crypte se compose d'une triple nef se terminant en abside, entourée par un déambulatoire qui s'ouvre sur une chapelle axiale.
La partie orientale, en direction de l'Yonne, n'est pas souterraine et est baignée par la lumière provenant des baies.
Les murs extérieurs ont été renforcés pendant la reconstruction de la cathédrale gothique au XIIIe siècle, quand la chapelle axiale a été englobée dans un massif rectangulaire pour supporter la chapelle axiale supérieure.
La nef
La nef de la crypte se compose de trois vaisseaux à six travées dont la dernière est arrondie. Elle est voûtée par des arêtes sur des arcs doubleaux en plein cintre qui sont complétés par des tores dont le poids retombe sur de puissants piliers composés à impostes.La partie orientale du vaisseau central se termine par une abside constituée d'une baie géminée avec une colonnette, dotée d'un chapiteau à corbeilles superposées sculptées de motifs végétaux et de volutes, qui diffracte dans la nef la lumière provenant de la chapelle axiale.
Le déambulatoire
Le déambulatoire, lui aussi voûté d'arêtes sur des arcs doubleaux, est plus court que la nef et compte neuf compartiments. Il donne accès à la nef par de larges ouvertures. On peut encore distinguer quelques vestiges de fresques : des zigzags sur un arc au sud et des apôtres (?) sur un arc au nord.La chapelle axiale
Dédiée à la Sainte-Trinité, la chapelle axiale se compose d'une travée en berceau et d'une abside en cul-de-four avec deux colonnes aux chapiteaux sculptés de motifs végétaux et de volutes. Trois baies éclairent l'espace qui est célèbre pour les exceptionnelles fresques décorant sa voûte, datant des XIe-XIIIe siècles.La fresque du Christ à cheval
Sur le berceau de la travée se trouve la fresque du Christ à cheval, réalisée à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle et faisant partie d'un vaste programme pictural puisque des recherches ont permis de retrouver les vestiges d'autres scènes bibliques, comme celle de saint Michel combattant le dragon sur le mur sud de la chapelle.Une grande croix gemmée aux tons ocre et au décor de cabochons, évoquant une pièce d'orfèvrerie, divise l'espace en quatre parties, chacune accueillant un ange à cheval, ailes déployées, telle une armée céleste. Au centre de la composition figure le Christ qui s'avance sur un cheval blanc (observez l'attitude du cheval, ses pattes et sa tête en mouvement) : nimbé, sceptre en main, il est revêtu d'un manteau blanc et d'une tunique rouge.
La signification de cette scène, unique en France, est sujette à controverse, mais il s'agit probablement du triomphe du Christ, tel qu'il est relaté dans l'Apocalypse de saint Jean :
"Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s'appelle « Fidèle » et « Vrai », il juge et fait la guerre avec justice. Ses yeux ? Une flamme ardente ; sur sa tête, plusieurs diadèmes ; inscrit sur lui, un nom qu'il est seul à connaître ; le manteau qui l'enveloppe est trempé de sang ; et son nom ? Le Verbe de Dieu. Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de lin d'un blancheur parfaite. De sa bouche sort une épée acérée pour en frapper les païens ; c'est lui qui les mènera avec un sceptre de fer ; c'est lui qui foule dans la cuve le vin de l'ardente colère de Dieu, le Maître-de-tout. Un nom est inscrit sur son manteau et sur sa cuisse : Roi des rois et Seigneur des seigneurs." (Apocalypse 19, 11-16).
La fresque du Christ en majesté
L'autre fresque, qui remonte à la fin du XIIIe siècle, se trouve sur la voûte en cul-de-four de la chapelle. Il y avait probablement là auparavant une fresque romane du Christ en majesté. Assis au centre d'un quadrilobe et entouré par deux chandeliers à sept branches, le Christ en gloire, bénissant de sa main droite et portant dans sa main gauche le globe terrestre surmonté de la croix, montre le Livre portant l'Alpha et l'Oméga, symboles de l'éternité du Christ : "Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin." (Apocalypse 22, 13).Des quatre représentations symboliques des évangélistes, il ne subsiste que l'aigle (saint Jean) et l'homme ailé (saint Mathieu) – le lion (saint Marc) et le taureau (saint Luc) ont disparu.
De par la qualité de sa construction et de son architecture, et ses fresques exceptionnelles, la crypte de la cathédrale Saint-Étienne est un témoin précieux et rare de l'art roman du début du XIe siècle. Pur bonheur pour les yeux, cette crypte est également un havre de paix propice au silence et au recueillement, que l'on soit croyant ou non, un lieu où le temps semble suspendu et qu'il fait bon de fréquenter pour s'échapper quelques instants du tourbillon de la vie… Je ne peux donc que vous en recommander la visite !
Photos (sans flash) : © Le Club du roman historique
Quel travail de présentation! bravo et merci ;-)
RépondreSupprimerMerci, le lieu vaut vraiment le détour !
SupprimerJ'ai voulu répondre plus tôt mais il y avait un bug sur mon site, mais pas de mon fait, donc j'ai dû patienter un peu, mais c'est bon maintenant !