La malédiction d'Edgar

Auteur : Marc Dugain

Texte de présentation

"Edgar aimait le pouvoir mais il en détestait les aléas. Il aurait trouvé humiliant de devoir le remettre en jeu à intervalles réguliers devant des électeurs qui n'avaient pas le millième de sa capacité à raisonner. Et il n'admettait pas non plus que les hommes élus par ce troupeau sans éducation ni classe puissent menacer sa position qui devait être stable dans l'intérêt même du pays. Il était devenu à sa façon consul à vie."
John Edgar Hoover, à la tête du FBI pendant près d'un demi-siècle, a imposé son ombre à tous les dirigeants américains. De 1924 à 1972, les plus grands personnages de l'histoire des États-Unis seront traqués jusque dans leur intimité par celui qui s'est érigé en garant de la morale.
Ce roman les fait revivre à travers les dialogues, les comptes rendus d'écoute et les fiches de renseignement que dévoilent sans réserve des Mémoires attribués à Clyde Tolson, adjoint mais surtout amant d'Edgar. À croire que si tous sont morts aujourd'hui, aucun ne s'appartenait vraiment de son vivant.

En complément

• Les éditions Gallimard vous proposent de lire un extrait de ce roman.

Mon avis : Excellent

Un superbe panorama de l'histoire des États-Unis au XXe siècle

J'ai découvert ce roman à l'occasion d'une émission de radio consacrée au cinéma. Étrange, me direz-vous ! En fait, les critiques esquintaient copieusement le dernier film de Clint Eastwood, J. Edgar, me décourageant d'aller le voir alors que le sujet m'intéressait. C'est alors que l'un des critiques a conseillé à tous ceux qui s'intéressaient à l'histoire des États-Unis au XXe siècle de lire La Malédiction d'Edgar… et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde !
Le roman s'ouvre sur la découverte par le narrateur d'un manuscrit de Clyde Tolson, l'ancien numéro 2 du FBI et amant de J. Edgar Hoover : il s'agit de ses mémoires. Marc Dugain nous entraîne alors dans une vertigineuse découverte de l'histoire des États-Unis au XXe siècle à travers la carrière de ces deux hommes, mais surtout celle de J. Edgar Hoover.
Personnage ambigu et plein de contradictions, J. Edgar Hoover a été à la tête du FBI pendant 48 ans sans qu'aucun président n'ose le remplacer ! Pour asseoir son pouvoir, il avait mis en place un système lui permettant de monter des dossiers secrets sur toutes les personnalités de l'époque pour disposer d'éléments pouvant éventuellement être utilisés à charge : écoutes téléphoniques, filatures... Pour résumer, il savait tout sur tout le monde !
On découvre à cette occasion une formidable galerie de portraits : les présidents Roosevelt, Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, mais aussi le patriarche Joe Kennedy, son fils Bob Kennedy, l'actrice Marilyn Monroe, Luther King et Malcom X... Tous en prennent pour leur grade ! Les moments forts de la politique américaine ne sont pas en reste : la chasse aux sorcières initiée par McCarthy, la crise cubaine, la mafia, l'anticommunisme forcené de J. Edgar Hoover (qui m'a beaucoup surprise, je ne le savais pas autant obnubilé par le communisme), attentat de Dallas... Que de magouilles, que de faux-semblants, que de manipulations, que de mensonges, que d'hypocrisie ! C'est vraiment une période où se côtoyaient la paranoïa, la schizophrénie, la misogynie, le racisme et l'antisémitisme à l'ombre de la pudibonderie. Mais bon, tout cela a-t-il vraiment changé, quel que soit le pays ?!

Une écriture mesurée mais qui fait mouche

J'ai beaucoup apprécié l'écriture de Marc Dugain, qui pourrait paraître aseptisée à ceux qui aiment le style de James Ellroy. Sa trilogie "Underword USA" est formidable, mais je dois avouer que le style de James Ellroy ne me convainc pas, malgré son originalité : trop heurté, trop grossier, trop brut, trop violent. Bref, je préfère l'écriture mesurée, pointilleuse, pleine de nuances de Marc Dugain, mais en aucun cas neutre.

Deux petits points négatifs

– Les dernières années de J. Edgar Hoover et de Clyde Tolson sont trop rapidement évoquées. Mais bon, le livre faisant déjà 498 pages, on a de quoi faire !
– Il s'agit d'un roman qui mêle éléments historiques et fictifs, mais j'ai souvent eu du mal à discerner la part d'imagination et la part de "vérité historique". On est vraiment à mi-chemin entre fiction et réalité. Cela ne peut que me pousser à lire des ouvrages historiques sur la période et des biographies !

L'avis des blogueurs

Chez sentinelle

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Folio
Date de parution : août 2006
Couverture : brochée
Format : 10,8 cm x 17,8 cm
Pagination : 512 pages
ISBN : 978-2-0703-3967-9

Livre numérique

Éditeur : Gallimard
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