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jeudi 6 octobre 2016

Le livre secret de Dante. Le code caché de la Divine Comédie

Le livre secret de Dante
Auteur : Francesco Fioretti
Traduction : Chantal Moiroud

Texte de présentation

Septembre 1321, Dante Alighieri meurt de la malaria ; sa dépouille est couronnée de lauriers et le monde pleure le poète de génie. Giovanni, jeune médecin, disciple de l'auteur de la Comédie, doute de cette version officielle. Tout le porte à croire que Dante a été empoisonné et la disparition des treize derniers chants du Paradis ne fait que renforcer son intuition. Avec la fille du poète, soeur Béatrice, il décide de partir à la recherche des feuillets disparus et de retrouver l'assassin.
Guidés par les codes cachés de La Divine Comédie, Giovanni et soeur Béatrice vont découvrir la face secrète du poète et se trouver au coeur d'enjeux et de questions qui les dépassent. Pourquoi Dante a-t-il dissimulé ses derniers chants ? Que contiennent-ils et pourquoi un ancien Templier cherche-t-il à se les procurer ? Qui pouvait vraiment vouloir la mort de Dante ?

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Mon avis : Assez Bien

L'histoire
18 mai 1291. Les mamelouks s'emparent de la ville de Saint-Jean-d'Acre, capitale du Royaume Latin de Jérusalem, mettant un terme à la présence croisée en Terre sainte. Juste avant l'assaut final, le Templier Bernard entend Guillaume de Beaujeu, le grand maître du Temple, ordonner à Gérard de Monréal de partir pour Chypre et de sauver "les nove...". S'agit-il de novénaires ? Mais il n'en saura pas plus, le bruit couvre la conversation, et il faut partir au combat. Alors que les mamelouks envahissent la ville, gagnant ainsi la bataille, Bernard tente de s'enfuir, mais il n'est pas seul à avoir la même idée. Et c'est chacun pour soi : frappé dans le dos par l'épée d'un chrétien lui-même en fuite, Bernard ne doit sa survie qu'à l'aide d'un habitant qui le recueille chez lui et le soigne.
Quelques années plus tard, en 1321, alors que l'ordre des Templiers a été supprimé, Bernard est à la recherche des treize derniers chants du Paradis de la Comédie de Dante Alighieri, dans lesquels ce dernier aurait dissimulé la carte du nouveau Temple, le fameux secret confié par Guillaume de Beaujeu à Gérard de Monréal. Arrivé à Ravenne, là où réside Dante, il fait la connaissance de Giovanni de Lucques, jeune médecin et disciple de Dante, qui lui apprend que Dante vient de mourir de la malaria. Mais la disparition des treize derniers chants du Paradis et les lèvres noires, la peau écailleuse et la perte de cheveux du poète le conduisent à envisager une autre hypothèse, celle de l'empoisonnement !
Avec l'aide de Bernard et de soeur Béatrice, la fille de Dante, Giovanni décide de mener l'enquête. Pourquoi Dante a-t-il dissimulé ses derniers chants ? Que contiennent-ils ? Où sont-ils désormais ? Qui pouvait vouloir la mort de Dante ? Qui sont ces deux mystérieux religieux franciscains ?

Un véritable succès en Italie
Vendu à 500 000 exemplaires en Italie depuis sa parution en 2011, Le Livre secret de Dante a été écrit par Francesco Fioretti, un spécialiste de Dante et de La Divine Comédie. En effet, après avoir étudié la littérature à Florence et enseigné en Lombardie et dans les Marches, Francesco Fioretti a obtenu en 2012 un doctorat à l'université d'Eichstätt (Allemagne) avec une thèse sur le Stilnovo de Dante et du poète Guido Cavalcanti. Passionné par ce monument littéraire et désireux de le mettre à la portée de tous, Francesco Fioretti a conçu un thriller ésotérique basé autour d'une énigme numérologique, dont l'auteur nous apprend que son interprétation est l'une des nombreuses interprétations possibles du code qui existe réellement.
Compte tenu du phénomène en Italie, l'éditeur français a décidé de jouer le jeu en réalisant une couverture très graphique – fond sombre sur lequel se détache le titre marqué à chaud à l'aide d'un film argenté –, renforçant par là même le côté mystérieux du roman.

Priorité à la réflexion
Par définition, le thriller historico-ésotérique se compose d'un récit centré sur un ou des événements mystérieux, progressivement éclaircis par le raisonnement, les déductions, les connaissances et les recherches d'un ou de plusieurs enquêteurs. Mais il s'accompagne aussi d'un suspense ou d'une tension narrative tenant le lecteur en haleine jusqu'au dénouement de l'intrigue. Le danger, les meurtres, les scènes de poursuite ou de combat sont monnaie courante dans ce type de littérature. Ce genre littéraire est représenté notamment par Umberto Eco, Dan Brown ou bien Raymond Khoury.
Dans le cas présent, on est bien loin du Da Vinci Code ! On est même à l'opposé : tandis que le Da Vinci Code mettait en exergue les scènes d'action et des hypothèses un peu farfelues, Le Livre secret de Dante s'appuie sur une documentation solide et donne la primauté à la réflexion sur l'action, tout cela dans le but de nous faire (re)découvrir sous une forme littéraire plaisante La Divine Comédie, cette oeuvre littéraire connue de tous, mais que peu de gens ont lu. La lecture de ce thriller historico-ésotérique très érudit nécessite donc quelques efforts et de la concentration pour ne pas perdre le fil des réflexions menées par les différents personnages.

Des énigmes arithmétiques complexes
Cependant, la réflexion est si présente et si profonde qu'elle en devient parfois ardue, voire incompréhensible, quand il s'agit de décrypter des énigmes arithmétiques. Quand les personnages commencent à réduire le texte de Dante à une suite de chiffres ou à un schéma, on en vient à se demander si tout cela n'est pas un peu fumeux, mais l'hypothèse est intéressante et intrigante, j'aurais aimé y comprendre quelque chose, mais à un moment ou à un autre, cela devenait trop complexe pour moi. Heureusement cela n'a aucune conséquence sur la suite de la lecture. Bref, la façon dont l'énigme est décodée n'est vraiment pas simple à suivre ! Pourtant, je pensais avoir dépassé le plus difficile puisque l'éditeur indique dans sa note qu'"il faut oser s'aventurer dans la forêt relativement obscure des premiers chapitres". Car le prologue situé à Saint-Jean-d'Acre est passionnant et stimulant même si l'on sent déjà les prémices d'une certaine pesanteur de style.

Un manque de légèreté
Conséquence de cette primauté donnée à la réflexion, une impression effectivement de pesanteur, d'immobilisme, comme si l'auteur n'avait pas suffisamment "enrobé" le coeur de son roman de tous les ingrédients qui font d'un roman un excellent thriller historico-ésotérique. Il manque un ingrédient : l'action. Où sont les combats, le danger, les ruses, les pièges les meurtres ? Les protagonistes de cette histoire évoluent dans un environnement qui semble hors du temps et enquêtent tranquillement sans jamais craindre pour leur vie.
De la même manière, la narration, menée par un narrateur omniscient, est dominée par la description, pas seulement par les classiques descriptions physiques ou du paysages, mais par les descriptions des pensées et des sentiments des personnages. Certes, les dialogues sont présents, mais ils sont écrasés par le poids de la narration très prolixe, ralentissant par là même le rythme du récit. Autre élément qui produit une interruption dans la lecture : les extraits de la Divine Comédie sont reproduits dans le cours du texte, en langue originale, et leur traduction se trouve dans les notes de bas de page. Même si je trouve qu'il est justifié de retranscrire l'œuvre dans sa langue originelle pour ne pas trahir sa structure en rimes et sa musicalité, il est compliqué de faire sans arrêt des sauts de puce pour aller lire la traduction en bas de page et cela nuit à la fluidité du texte et fait parfois passer l'intrigue au second plan.

La (re)découverte de La Divine Comédie
Ce roman peut être lu sans connaissance de l'oeuvre de Dante, c'est même un excellent moyen de l'aborder. Cela a d'ailleurs été mon cas : connaissant cette œuvre que de nom, ce roman m'a permis d'en savoir un peu plus sur ce monument littéraire écrit entre 1307 et 1321 par Dante et initialement nommé la Comédie. Plus tard, les commentateurs (dont Boccace) lui ont adjoint ce qualificatif. Je ne pense pas me plonger davantage par la suite dans cette œuvre qui me semble très complexe, mais j'ai apprécié les informations et l'éclairage apportés par l'auteur, mettant ce texte à notre portée : les références et les citations sont nombreuses, mais tout est intéressant. En effet, cette oeuvre métaphorique, qui a donné lieu à de nombreux commentaires et gloses à travers les siècles, peut se lire à différents niveaux et être interprétée de différentes façons : récit d'une purification personnelle, oeuvre religieuse, projet d'éducation morale de la société, somme des conceptions politiques, scientifiques et philosophiques du début du XIVe siècle, hommage à la femme aimée, Béatrice, l'amour platonique de Dante, morte prématurément à 24 ans, et qu'il s'en va chercher au Paradis… En tout cas, j'en ai retenu que ce texte divisé en trois parties – l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis –, chacune composée de trente-trois chants (plus un chant inaugural placé dans l'Enfer), est le récit d'un voyage imaginaire du poète dans le monde de l'au-delà jusqu'à la découverte de Dieu.

Dante et son époque
Francesco Fioretti mêle habilement dans ce roman l'histoire la Divine Comédie, l'histoire de Dante et de sa famille, et celle de l'Italie. En nous plongeant dans la vie de Dante, l'auteur nous fait découvrir son action publique mais aussi son intimité. C'est ainsi que nous faisons la connaissance de ses enfants, Iacopo, Pietro, Antonia (devenue soeur Béatrice) et Giovanni, et de sa femme Gemma, pas facile à vivre. Pas facile de vivre avec un père si souvent absent. Car Dante n'était pas qu'un poète et un écrivain, il faut également un homme politique, ce que l'on sait moins. Né en 1265 à Florence et mort à Ravenne en 1321, Dante évolue dans une Italie déchirée par des querelles de princes, les luttes entre les guelfes (noirs et blancs) et les gibelins, les intrigues menées par le pape… En 1295, il s'engage dans la vie politique. Partisan de l'indépendance de Florence vis-à-vis de la papauté, Dante est condamné à l'exil en 1301 et ne reverra plus sa ville natale. Il vécut notamment à Ravenne chez le podestat Guido Novello da Polenta, où il meurt le 14 septembre 1321. Ainsi, c'est durant son exil qu'il rédigea sa Comédie et ce contexte est important pour mieux comprendre cette oeuvre et les soupçons qui ont pu peser sur sa mort.

Pour résumer, un thriller ésotérique d’une grande érudition qui permet de redécouvrir la Divine Comédie, une oeuvre incroyablement prophétique.

http://www.hc-editions.com/
Merci à HC Éditions !

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Pocket
Date de parution : octobre 2016
Couverture : brochée
Format : 10,8 cm x 17,7 cm
Pagination : 384 pages
ISBN : 978-2-2662-6841-7

Livre numérique

Éditeur : HC Éditions
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub –– ePagine : ePub –– Feedbooks : ePub –– Fnac : ePub –– Numilog : ePub

2 commentaires:

  1. Super article à propos d'un livre pas si facile que ça à résumer: de nombreuses infos, un avis clairement exposé.Merci beaucoup

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    1. Merci Cathie ! Je suis en train de consulter votre blog ;-)

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